Traduit
par Al-Murtada
Un enfant
précoce et un étudiant brillant
Sheikh `Abd Al-Halîm Mahmûd naquit en 1910 au village As-Salâm, près de la ville de Belbeis, dans la Province de Sharqiyyah, au sein d’une famille pieuse de la classe moyenne en Egypte. Ses parents descendent directement du petit fils du Prophète — paix et bénédictions sur lui — Al-Husayn Ibn `Alî Ibn Abî Tâlib - que Dieu les agrée tous deux ainsi que toute la famille du prophète. Son père, Sheikh Mahmûd `Alî Ahmad Al-Husaynî fut un savant d’Al-Azhar et le juge du village.
Sheikh `Abd Al-Halîm Mahmûd apprit le Coran dans l’école coranique du village. Alors qu’il était très jeune, il finit la mémorisation du Coran. A cause de son jeune âge, il ne put intégrer un Institut Religieux d’Al-Azhar l’année où il finit l’apprentissage du Coran.
En 1923, il alla avec son père vers le Caire afin de suivre les cours du cycle primaire d’Al-Azhar. Deux ans plus tard, il quitta le Caire pour continuer son éducation à l’Institut Religieux d’Al-Azhar qui venait d’ouvrir ses portes dans la ville d’Az-Zaqâzîq, la capitale de sa province natale.
De nombreuses voies d’éducation s’ouvraient au jeune Sheikh `Abd Al-Halîm. A cette époque, de nombreuses écoles pour la formation des enseignants ouvrirent leurs portes. Elles bénéficiaient d’une bonne cote du fait que leurs diplômés étaient bien rémunérés. Cependant, le père du jeune Sheikh `Abd Al-Halîm insista pour que son fils, poursuive son éducation à Al-Azhar. Sheikh `Abd Al-Halîm trouva un compromis satisfaisant, mais très contraignant, en suivant trois systèmes d’éducation simultanément.
La persévérance de Sheikh `Abd Al-Halîm porta ses fruits. Au début du cycle secondaire, son savoir était largement supérieur à celui de ses collègues. C’est pourquoi, en classe de seconde, il couvrit en une année tout le programme du secondaire et obtint le baccalauréat d’Al-Azhar. Par conséquent, l’enseignement supérieur d’Al-Azhar ouvrit grandes ses portes pour accueillir l’étudiant brillant et précoce que fut Sheikh `Abd Al-Halîm.
Le Sheikh commença son cycle universitaire à Al-Azhar en 1928 à une époque où l’éducation supérieure de l’Université n’était pas divisée en Facultés. Il avait beaucoup de respect pour ses professeurs. Parmi les savants qui l’ont marqué, il cite Sheikh Mahmûd Shaltût, Sheikh Hâmid Meheisen, Sheikh Az-Zankalôni, Sheikh Muhammad `Abd Allah Daraz, Sheikh Muhammad Mustafâ Al-Marâghî et Sheikh Mustafâ `Abd Ar-Râziq.
A l’époque où Sheikh `Abd Al-Halîm était étudiant, il participa aux activités de deux associations islamiques de prédication : l’Association des Jeunes Musulmans (Jam`iyyat Ash-Shubbân al-Muslimîn) et l’Association de la Guidance Islamique (Jam`iyyat al-Hidaya al-Islamiyyah) dont le président était le savant connu Sheikh Muhammad Al-Khidr Husayn.
Son
parcours en France
En 1932,
Sheikh `Abd Al-Halîm termina ses études à Al-Azhar. Accompagné de sa
femme, il partit étudier en France à la Sorbonne. A Paris, Sheikh `Abd Al-Halîm
resta le savant attaché à ses principes et fidèle à la ligne droite qu’il avait
suivie. En 1937, il finit ses études à la Sorbonne et en 1938 Al-Azhar le
choisit pour figurer dans la délégation de savants préparant une thèse en
France. La chose qui marqua Sheikh `Abd Al-Halîm, et contre laquelle il lutta
en France, fut les préjugés de nombreux orientalistes et leur parti pris contre
l’islam.
Sheikh `Abd Al-Halîm termina en 1940 sa thèse traitant du soufisme et de la vie de Al-Hârith Ibn Asad Al-Muhâsibi. Son encadrant, l’orientaliste Massignon, le laissa naviguer seul dans la dernière phase de sa thèse où il lutta contre les préjugés des orientalistes Allemands. Quand la Seconde Guerre mondiale éclata, Sheikh `Abd Al-Halîm dut retourner en Egypte en empruntant la voie du Cap de Bonne Espérance.
Sheikh `Abd Al-Halîm termina en 1940 sa thèse traitant du soufisme et de la vie de Al-Hârith Ibn Asad Al-Muhâsibi. Son encadrant, l’orientaliste Massignon, le laissa naviguer seul dans la dernière phase de sa thèse où il lutta contre les préjugés des orientalistes Allemands. Quand la Seconde Guerre mondiale éclata, Sheikh `Abd Al-Halîm dut retourner en Egypte en empruntant la voie du Cap de Bonne Espérance.
Sa
carrière en Egypte
Sheikh
`Abd Al-Halîm commença sa carrière professionnelle en tant que
professeur à la Faculté de Langue Arabe d’Al-Azhar. Il travailla en 1951 à la
Faculté des Fondements des Sciences Religieuses (Usûl Ad-Dîn) dont il devint le
doyen en 1964.
En 1969, il fut nommé secrétaire général de l’Académie des Recherches Islamiques (Majma` al-Buhûth al-Islamiyyah). En 1970, il fut nommé vice-Imâm d’Al-Azhar. En 1971, il occupa le poste du ministre d’Al-Awqâf (ministre du culte et des affaires islamiques). En 1973, il fut nommé Grand Imâm d’Al-Azhar et devint ainsi la plus grande autorité religieuse d’Egypte.
Au début des années 1960, une vague anti-Azharite s’éleva dans les médias en Egypte. Cette vague calomnieuse contre Al-Azhar et ses savants fut entretenue par des figures puissantes du gouvernement. En guise de réponse, Sheikh `Abd Al-Halîm cessa de porter des vêtements occidentaux et repris son costume traditionnel d’Al-Azhar. Il demanda aux savants d’Al-Azhar d’en faire autant. Durant cette période, des vagues de critiques déferlaient dans les journaux à tendance socialiste dressés contre les savants d’Al-Azhar. Sheikh `Abd Al-Halîm ne fut pas épargné dans ces articles diffamatoires.
De plus, Sheikh `Abd Al-Halîm, une des plus grandes figures parmi les savants musulmans de son temps, fournit tous ses efforts pour conserver l’indépendance d’Al-Azhar loin de toute sphère d’influence. En 1974, un projet de loi visa à rétrograder les savants d’Al-Azhar. Le Sheikh menaça de démissionner de son poste de Grand Imâm. En raison de son extrême popularité parmi les savants et les étudiants d’Al-Azhar et dans les milieux islamiques, on le persuada de garder le poste de Grand Imâm et la loi ne fut pas votée.
Il essaya de modifier la loi de 1961 concernant Al-Azhar, laquelle ôtait au Grand Imâm une part importante de ses responsabilités et pouvoirs et mettait en péril l’indépendance d’Al-Azhar vis-à-vis du pouvoir politique. Les efforts de Sheikh `Abd Al-Halîm portèrent leurs fruits : il obtint une reformulation de la loi en question. Cette réussite provoqua un fort enthousiasme dans les milieux azharites.
En 1975, suite à l’assassinat du ministre d’Al-Awqâf, Sheikh Adh-Dhahabî, la police égyptienne sévit contre un groupe extrémiste appelé At-Takfîr wa al-Hijrah. Au cours du procès des membres de ce groupe, les juges demandèrent à Sheikh `Abd Al-Halîm de donner son opinion et lui suggérèrent de prononcer une fatwa déclarant l’apostasie du groupe. Le Sheikh refusa qu’on lui dicte ses fatwas. Et afin de donner un jugement équitable, il refusa de formuler une opinion avant d’étudier leurs idées et de les analyser à la lumière des enseignements islamiques. La fermeté de sa position déchaîna les médias contre lui et contre Al-Azhar de façon générale.
Dans un autre registre, des membres du personnel de la compagnie aérienne Egypt-Air refusèrent de travailler tant que le vin était servi sur leurs avions. Mais leurs supérieurs n’acceptèrent pas de mettre fin à cette pratique. Ces membres du personnel se retournèrent alors vers le Grand Imâm pour obtenir son soutien. Il rappela aux dirigeants de la compagnie le Hadîth du prophète selon lequel « Nulle obéissance n’est due à une créature impliquant la désobéissance au Créateur ». L’intervention de Sheikh `Abd Al-Halîm eut un impact sur les dirigeants de la compagnie qui acceptèrent de répondre à la requête du personnel.
Au milieu des années 70, des membres du gouvernement tentèrent de faire passer une loi, non conforme à la loi islamique (Shari`ah), au sujet du divorce. Sheikh `Abd Al-Halîm s’opposa fermement à cette loi. Il a fallu attendre sa mort pour que cette loi soit débattue...
Au début des années 70, les idéaux communistes se répandirent dans certains milieux intellectuels et estudiantins. Afin de les mettre en garde contre les failles et les déviances du communisme, Sheikh `Abd Al-Halîm encadra la publication de nombreux ouvrages analysant et critiquant le communisme à la lumière des enseignements islamiques.
Il fut le pionnier de l’unification des efforts des prédicateurs musulmans. Afin d’établir une ligne de conduite harmonieuse et mature, il dirigea un comité, sans antécédent, de la Da`wah Islamique, réunissant des savants d’Al-Azhar, des dirigeants de groupes islamiques et des ordres soufis. Il tissa également des liens entre Al-Azhar et des organisations de Da`wah dans d’autres pays.
Pendant qu’il occupait le poste de Grand Imâm, il ordonna la construction d’un grand nombre d’Instituts Religieux d’Al-Azhar.
Sheikh `Abd Al-Halîm fut le premier savant azharite à appeler publiquement à l’application de l’ensemble de la Shari`ah Islamique (loi islamique) dans le pays. Lorsque certains membres du gouvernement lui signifièrent qu’il fallait beaucoup de temps pour détailler toutes les lois de la Shari`ah, il mit en place des comités de spécialistes où des savants d’Al-Azhar avaient pour mission d’étudier dans le détail l’application de la loi islamique dans tous les domaines et leur substitution aux lois non islamiques. Sheikh `Abd Al-Halîm encadra ces comités, même lorsque sa santé se détériora et qu’il fut transporté à l’hôpital.
En 1969, il fut nommé secrétaire général de l’Académie des Recherches Islamiques (Majma` al-Buhûth al-Islamiyyah). En 1970, il fut nommé vice-Imâm d’Al-Azhar. En 1971, il occupa le poste du ministre d’Al-Awqâf (ministre du culte et des affaires islamiques). En 1973, il fut nommé Grand Imâm d’Al-Azhar et devint ainsi la plus grande autorité religieuse d’Egypte.
Au début des années 1960, une vague anti-Azharite s’éleva dans les médias en Egypte. Cette vague calomnieuse contre Al-Azhar et ses savants fut entretenue par des figures puissantes du gouvernement. En guise de réponse, Sheikh `Abd Al-Halîm cessa de porter des vêtements occidentaux et repris son costume traditionnel d’Al-Azhar. Il demanda aux savants d’Al-Azhar d’en faire autant. Durant cette période, des vagues de critiques déferlaient dans les journaux à tendance socialiste dressés contre les savants d’Al-Azhar. Sheikh `Abd Al-Halîm ne fut pas épargné dans ces articles diffamatoires.
De plus, Sheikh `Abd Al-Halîm, une des plus grandes figures parmi les savants musulmans de son temps, fournit tous ses efforts pour conserver l’indépendance d’Al-Azhar loin de toute sphère d’influence. En 1974, un projet de loi visa à rétrograder les savants d’Al-Azhar. Le Sheikh menaça de démissionner de son poste de Grand Imâm. En raison de son extrême popularité parmi les savants et les étudiants d’Al-Azhar et dans les milieux islamiques, on le persuada de garder le poste de Grand Imâm et la loi ne fut pas votée.
Il essaya de modifier la loi de 1961 concernant Al-Azhar, laquelle ôtait au Grand Imâm une part importante de ses responsabilités et pouvoirs et mettait en péril l’indépendance d’Al-Azhar vis-à-vis du pouvoir politique. Les efforts de Sheikh `Abd Al-Halîm portèrent leurs fruits : il obtint une reformulation de la loi en question. Cette réussite provoqua un fort enthousiasme dans les milieux azharites.
En 1975, suite à l’assassinat du ministre d’Al-Awqâf, Sheikh Adh-Dhahabî, la police égyptienne sévit contre un groupe extrémiste appelé At-Takfîr wa al-Hijrah. Au cours du procès des membres de ce groupe, les juges demandèrent à Sheikh `Abd Al-Halîm de donner son opinion et lui suggérèrent de prononcer une fatwa déclarant l’apostasie du groupe. Le Sheikh refusa qu’on lui dicte ses fatwas. Et afin de donner un jugement équitable, il refusa de formuler une opinion avant d’étudier leurs idées et de les analyser à la lumière des enseignements islamiques. La fermeté de sa position déchaîna les médias contre lui et contre Al-Azhar de façon générale.
Dans un autre registre, des membres du personnel de la compagnie aérienne Egypt-Air refusèrent de travailler tant que le vin était servi sur leurs avions. Mais leurs supérieurs n’acceptèrent pas de mettre fin à cette pratique. Ces membres du personnel se retournèrent alors vers le Grand Imâm pour obtenir son soutien. Il rappela aux dirigeants de la compagnie le Hadîth du prophète selon lequel « Nulle obéissance n’est due à une créature impliquant la désobéissance au Créateur ». L’intervention de Sheikh `Abd Al-Halîm eut un impact sur les dirigeants de la compagnie qui acceptèrent de répondre à la requête du personnel.
Au milieu des années 70, des membres du gouvernement tentèrent de faire passer une loi, non conforme à la loi islamique (Shari`ah), au sujet du divorce. Sheikh `Abd Al-Halîm s’opposa fermement à cette loi. Il a fallu attendre sa mort pour que cette loi soit débattue...
Au début des années 70, les idéaux communistes se répandirent dans certains milieux intellectuels et estudiantins. Afin de les mettre en garde contre les failles et les déviances du communisme, Sheikh `Abd Al-Halîm encadra la publication de nombreux ouvrages analysant et critiquant le communisme à la lumière des enseignements islamiques.
Il fut le pionnier de l’unification des efforts des prédicateurs musulmans. Afin d’établir une ligne de conduite harmonieuse et mature, il dirigea un comité, sans antécédent, de la Da`wah Islamique, réunissant des savants d’Al-Azhar, des dirigeants de groupes islamiques et des ordres soufis. Il tissa également des liens entre Al-Azhar et des organisations de Da`wah dans d’autres pays.
Pendant qu’il occupait le poste de Grand Imâm, il ordonna la construction d’un grand nombre d’Instituts Religieux d’Al-Azhar.
Sheikh `Abd Al-Halîm fut le premier savant azharite à appeler publiquement à l’application de l’ensemble de la Shari`ah Islamique (loi islamique) dans le pays. Lorsque certains membres du gouvernement lui signifièrent qu’il fallait beaucoup de temps pour détailler toutes les lois de la Shari`ah, il mit en place des comités de spécialistes où des savants d’Al-Azhar avaient pour mission d’étudier dans le détail l’application de la loi islamique dans tous les domaines et leur substitution aux lois non islamiques. Sheikh `Abd Al-Halîm encadra ces comités, même lorsque sa santé se détériora et qu’il fut transporté à l’hôpital.
Ouvrages
Sheikh
`Abd Al-Halîm était un écrivain talentueux. Il écrivit plus de 60
livres. Il était connu pour son caractère posé, généreux et tendre. Ses élèves
retiennent sa modestie et son savoir abondant. Sa sensibilité soufie se dégage
de ses ouvrages. A l’image de l’Imâm Al-Hârith Al-Muhâsabi qui
fait l’objet de sa thèse en France, il était le reflet du noble visage du
soufisme, celui qu’incarnaient les pieux de l’Islam, à savoir un soufisme basé
sur le respect et l’application des enseignements coraniques et les traditions
du Prophète - paix et bénédictions sur lui. Parmi ses ouvrages nous pouvons
citer :
Muhammad le Messager d’Allah
Somme de Fatwas
Les preuves du statut de
Prophète
L’Islam et le Communisme
Notre Jihâd Sacré
Abû Al-Hasan Ash-Shadhlî
Dhû’n-Nûn Al-Misrî
Notre maître Zayn Al-`Âbidîn
As-Sayyid Ahmad
Al-Badawî
Le sieur connaisseur de Dieu,
Sahl At-Tostarî
Il édita et annota un certain nombre d’ouvrages anciens, dont Ar-Ri`âyah li Huqûqi’llâh, "L’Observance des Droits de Dieu" de l’Imâm Al-Muhâsibî et Latâ’if Al-Minan, "Manne Des Bienfaits" de l’Imâm Ahmad Ibn `Atâ’illâh d’Alexandrie, l’auteur des célèbres Hikam.
Disciple de la confrérie soufie shadhilie à laquelle il dédia l’un de ses ouvrages, l’Imâm `Abd Al-Halîm Mahmûd participa plus généralement à une réelle revivification du patrimoine soufi tant par ses discours que par ses ouvrages. Son travail n’est pas celui d’un historien ou d’un académicien qui analyse la discipline du soufisme et les récits de ses hommes, mais il s’agit de l’expression d’un cœur qui a goûté à cette discipline et qui projette à travers son expérience spirituelle et son savoir l’essence de cette composante de l’islam qui traite des œuvres du cœur. Outre l’hommage qui est rendu à des figures clefs de la spiritualité islamique, ses écrits visent à guérir les cœurs et encouragent les aspirants à marcher sur les pas de leurs pieux prédécesseurs, car les bienfaits de Dieu ne tarissent jamais ; seulement chacun reçoit à la hauteur de la sincérité de son effort.
Au vu de ses écrits et de sa vie, l’Imâm `Abd Al-Halîm Mahmûd fut surnommé à juste titre « Le père du soufisme dans l’ère contemporaine ».
En 1978, un voile de deuil couvrit l’Egypte. L’âme de Sheikh `Abd Al-Halîm Mahmûd retourna auprès de son Créateur. La tristesse de la société égyptienne fut proportionnelle à la popularité de ce Grand Imâm d’Al-Azhar et ses obsèques furent suivies par un grand nombre de musulmans.
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