samedi 19 novembre 2016

Avis de parution : L'Islam et la fonction de René Guénon - recueil posthume - Michel Vâlsan

Avis de parution

L'Islam et la fonction de René Guénon, recueil posthume, Michel Vâlsan


Chers lecteurs,

Nous vous invitions à découvrir la nouvelle parution L'Islam et la fonction de René Guénon qui regroupe les écrits de Michel Vâlsan parus dans la revue Études Traditionnelles ayant trait à la fonction de René Guénon en rapport avec l’Islam.




Cet ouvrage est une réédition augmentée et corrigée du recueil publié en 1984 par les Éditions de l’Œuvre.

Dès aujourd'hui, il est disponible à la vente au prix de 25 euros et à la lecture libre au format PDF sur le site internet www.sciencesacree.com.


Description

Éditeur: Science sacrée
Collection : Calame
Nombre de pages : 340
Dimensions : 14,5 x 23,6 x 3,3 cm
Format : relié
ISBN : 9782915059113

 

Résumé

Parlant d’Ibn Arabî (560/1165-638/1240), qualifié en l’occurrence de « “revivificateur” par excellence de la voie initiatique et indirectement de la tradition islamique dans son ensemble, au VIIe siècle de l’Hégire », Michel Vâlsan précisa qu’ « il y a entre l’enseignement de René Guénon et le sien plus qu’une simple concordance naturelle entre des métaphysiciens véritables. Il y a là encore une relation d’un ordre plus subtil et plus direct du fait que René Guénon a reçu son initiation islamique de la part d’un maître qui lui-même était nourri à l’intellectualité et à l’esprit universel du Cheikh al-Akbar : il s’agit du Cheikh égyptien Elîsh el-Kebîr. C’est le personnage auquel René Guénon dédiait en 1931, son Symbolisme de la Croix… »

Présentation de l'auteur

Michel Vâlsan (1907-1974)
Connu sous le nom de Cheikh Mustafâ Abd al-Azîz, Michel Vâlsan était maître du Taṣawwûf et dirigeait une confrérie chadhilite à Paris. Il fut un collaborateur éminent des Études Traditionnelles et assura même la direction littéraire de cette revue fondée sur l’enseignement doctrinal de René Guénon. Initié aux doctrines ésotériques de l’Islam, il est considéré comme le véritable fondateur des études akbariennes en Occident.


Sommaire

Lire en pdf Avertissement (Science sacrée)

Lire en pdf I. La fonction de René Guénon et le sort de l’Occident (Michel Vâlsan)

Lire en pdf II. L’Islam et la fonction de René Guénon (Michel Vâlsan)

Lire en pdf III. L’oeuvre de Guénon en Orient (Michel Vâlsan)

Lire en pdf IV. Sur le Cheikh al-Alâwî (Michel Vâlsan)

Lire en pdf V. Références islamiques du « Symbolisme de la Croix » (Michel Vâlsan)

Lire en pdf VI. « La Science propre à Jésus » ; traduction du chapitre 20 des Futûḥât al-Makkiyyah d’Ibn Arabî (Michel Vâlsan)

Lire en pdf VII. Le coffre d’Héraclius et la tradition du « Tâbût » adamique (Michel Vâlsan)

Lire en pdf VIII. Un symbole idéographique de l’Homme Universel (Michel Vâlsan)

Lire en pdf IX. Le Triangle de l’Androgyne et le monosyllabe « Om » (Michel Vâlsan)

1. Complémentarisme de symboles idéographiques
2. Complémentarisme de formes traditionnelles
3. Tradition Primordiale et Culte Axial
4. “Om” et “Amen”
5. Inde et Arabie

Lire en pdf X. L’investiture du Cheikh al-Akbar au Centre Suprême (Michel Vâlsan)

Annexes

- Lire en pdf ANNEXE I : Les livres : René Guénon, Le Symbolisme de la Croix, réédition en format de poche : collection 10/18 (Michel Vâlsan)


- Lire en pdf ANNEXE II : Les livres : Réplique à M. Robert Amadou (Michel Vâlsan)


- Lire en pdf ANNEXE III : Rumeurs, médisances et vérités : Mise au point sur le numéro spécial de Planète-Plus consacré à René Guénon (Michel Vâlsan)


- Lire en pdf ANNEXE IV : Correspondance : Commentaire à propos d’une lettre de M. Clavelle-Reyor (Michel Vâlsan)


Lire en pdf Bibliographie chronologique des publications de Michel Vâlsan

Lire en pdf Transcription de l’alphabet arabe

Lire en pdf Index des termes arabes

Lire en pdf Index des termes sanscrits
 
Vous souhaitant bonne lecture,  



•   W W W . S C I E N C E S A C R E E . C O M  


dimanche 30 octobre 2016

Paroles d'or de Shaykh Abd al-Azîz Al-Dabbagh (Extraits)




Paroles d'or : Kitâb al-lbrîz de Shaykh Abd al-Azîz Al-Dabbagh
traduit par Zakia Zouanat

Nous disons : L'auteur du poème rimé en râ' (Râ'iyya) a parlé du maître initiateur, et le Shaykh Abd al-'Aziz al-Dabbâgh a commenté quelques-uns de ses propos. L'auteur de la Râ'iyya a dit :
Le maître a des signes qui s'ils sont absents chez lui, il n'est alors cheminant que dans les nuits des passions.

 Le Shaykh Abd al-'Aziz al-Dabbâgh dit : « Le maître initiateur a des signes apparents :
-       son cœur est sain de toute envie ou sentiment de jalousie ;
-       il n'a point d'ennemi parmi les gens ;
-       il est généreux, si tu lui demandes, il te donne ;
-       il aime ceux qui lui nuisent ;
-       il ne prête pas d'attention aux fautes des disciples.

S'il ne possède pas de science exotérique ni de science ésotérique, jette-le dans les vagues de la mer. 

Le Shaykh Abd al-'Aziz al-Dabbâgh dit : « Il veut dire par "science exotérique" la théologie et la science de l'unité, c'est-à-dire la proportion exigée de ces deux sciences chez le responsable. Et par "science ésotérique" il désigne la connaissance de Dieu Très Haut. [...] S'il trouve un maître qui ne rassemble pas de manière parfaite les deux sciences exotérique et ésotérique, le disciple est alors proche de la ruine. »

« Celui qui n'est pas compté parmi les maîtres parce qu'il n'a pas reçu l'investiture d'un maître parfait - car celui-ci est mort avant d'avoir terminé l'initiation de son disciple -, mais qui a été confirmé par les gens, est aussi un maître valable et acceptable parce qu'il n'est pas exclu que son initiation ait été complétée par des saints invisibles, ou par monseigneur Ahmad al-Khadir. [...] Ne t'attends à trouver le maître initiateur qu'en celui qui a rassemblé trois conditions : il est doté de vision intérieure ; il est libre des passions ; il n'est pas imbu de sa personne. [...] Celui dont les yeux sont rouilles voit le noir qui se trouve au milieu de la lune sur la face du soleil qui est dépourvu de noirceur, cela parce que les vérités s'inversent chez lui. Celui qui n'a pas de vision intérieure voit les défauts dans le maître parfait et le fuit, et il voit la perfection chez la personne inaccomplie. »

« Ne te présente chez un maître en vue d'entrer dans son compagnonnage que si tu as la conviction qu'il est un maître initiateur, et qu'il est en cela le plus confirmé de son temps. Cela est une obligation pour le disciple, car le maître qui voit que son disciple se tourne vers un autre maître lui coupe "les vivres". [...] Si tu trouves, par le don du Seigneur, le maître qui va t'initier, établis-toi à son service, tâche de connaître la valeur de son compagnonnage, et prends-le comme médiateur vers Dieu, peut-être atteindras-tu la connaissance de Dieu, mais encore tu dois éviter les choses blâmables aux yeux de la loi   exotérique. »

« Si tu élèves ton flux spirituel vers la voie de la pauvreté en Dieu qui est la voie soufie, laisse de côté les passions de ton âme dans ce qu'elle choisit pour elle-même comme dévotions et genres de rapprochements, sans que le maître les lui recommande, éloigne-toi de ses passions en cela de la manière dont tu dois t'écarter du mal. [...] Mets ton âme dans le giron de ton maître afin qu'il t'éduque comme une mère éduque son enfant dans son giron. Il n'y a pas pour ton âme de sortie du giron du maître et de sa tutelle avant d'être sevrée de l'initiation. »

« Ne t'oppose jamais à ton maître, car l'opposition au maître entraîne à coup sûr la dispersion du disciple opposant et son éloignement de son Seigneur et de sa religion. »

Sache (que Dieu t'assiste) que j'ai trouvé ces commentaires de quelques vers de la Râ'iyya écrits de la main même du maître sur une copie du poème. Je ne les ai donc pas entendus de lui, mais ils étaient écrits de sa main bénie sans aucun doute ; c'est pour cela que je les lui ai attribués, sachant que la science du maître est supérieure à tout cela. Comme j'aurais voulu lui lire ce poème afin d'entendre de lui les secrets seigneuriaux et les lumières de la connaissance dans son commentaire, comme à son habitude.

Quand le Shaykh est mort, je m'engageai à visiter fréquemment son tombeau, et je le vis en rêve qui me disait : « Mon être n'est pas emprisonné dans la tombe, mais il se trouve dans le monde entier. »
Dans le même sens, je l'ai entendu dire durant sa vie : « Le monde entier se trouve parfois dans mon intériorité. »

Et je l'ai entendu quelquefois dire : « Les sept cieux et les sept terres ne sont aux yeux du croyant que comme un anneau jeté dans un désert. La présence du maître doit être différente en fonction des 408 stations des maîtres. »
Tel est l'état du disciple dans l'assemblée du maître. Il doit garder le silence et ne rien proférer comme belles paroles en sa présence, sauf s'il trouve que le maître est disposé et que celui-ci lui ordonne de le faire. Le disciple en la présence du maître est comme celui qui est assis au bord d'un océan attendant qu'une subsistance lui parvienne.

Une étrange histoire est arrivée, et je l'ai entendue du Shaykh Abd al-'Aziz al-Dabbâgh. Je l'ai entendu dire : « J'ai rencontré à La Mecque (que Dieu l'ennoblisse) Abû-l-Hasan 'Alî al-Sadghâ' al-Hindî, et je l'ai trouvé dans un état étrange. Quand il voulait faire un pas, il levait le pied, et celui-ci tremblait dans l'air, il le remettait par terre et il tremblait, et il le rendait à l'endroit du pas et il tremblait, quiconque le voyait ne pouvait que dire : "Il est atteint de folie." Je lui dis : "Ô Abâ-l-Hasan, qu'est-ce que cet état dans lequel tu te trouves ?"

« Il dit : "Je n'ai pas dit ce qui m'est arrivé à un autre que vous, et je m'en vais vous le dire. Dieu Très Haut m'a révélé Son acte dans Ses créatures, je vois clairement Son acte courir dans la création, rien ne m'en échappe. Ensuite II m'a révélé les secrets de Son acte dans le destin des autres hommes. Je vois ces actes, et je sais pourquoi ils sont, et je connais les secrets du destin en eux de sorte qu'aucun de ces secrets ne m'échappe. Il m'arriva alors de croire qu'il ne m'a pas voilé Sa vision uniquement parce qu'il me veut du mal. [...] C'est pour cela que j'ai commencé à avoir peur de tout acte de mon choix, attribué à moi, imaginant avec exagération que chacun de mes actes choisis sera la cause de ma ruine. [...] Le premier geste quand je veux étendre mon pied est un acte, j'en tremble de peur, et je le rends à sa place tout en tremblant de peur parce que je le rends, et il en est ainsi dans chaque acte." »

Le Shaykh Abd al-'Aziz al-Dabbâgh dit : « Dieu a voilé la vision de ce saint afin qu'il ne voie pas Son acte en lui, par une miséricorde qu'il a voulu lui accorder ; s'il lui avait révélé cela et qu'il s'était mis à y voir l'acte en lui, son corps se serait consumé. »

Je me trouvais avec le Shaykh un jour à Bâb al-Hadîd quand il me regarda et dit : « Nul ne peut prétendre connaître Dieu s'il ne connaît pas l'Envoyé (SSP) ; et nul ne peut prétendre connaître l'Envoyé (SSP) s'il ne connaît pas son maître ; et nul ne peut prétendre à la connaissance du maître s'il n'a pas fait sa prière du mort sur les gens. Si les gens disparaissent de sa vue et qu'il se met à ne pas faire attention à eux dans ses dires, ses faits, et toutes ses affaires, il recevra une miséricorde inattendue. » Le Shaykh appréciait celui qui ne prête aucune importance au regard des gens sur lui.

II nous disait : « Ne me cachez rien des choses qui vous arrivent, que ce soit celles de la religion ou du bas monde, informez-moi même de vos péchés. Si vous ne m'en informez pas, je vous en informerai. Un compagnonnage dans lequel les états des compagnons sont occultés ne peut être bon. »

Il disait : « Quant à moi, je ne vous cache rien de mes affaires. » Et il nous expliquait son état jusqu'à ce qu'il ait atteint son époque, il nous rapportait tout ce qui lui arrivait comme choses habituelles et d'autres ; il nous disait : « Si je ne vous informe pas et ne vous révèle pas mes états, Dieu me punira et me demandera des comptes, car vous pensez du bien de moi. Patientez jusqu'à ce que je vous dise les choses intérieures qui ne vous ont pas été révélées, après cela, celui parmi vous qui voudra rester avec moi, qu'il reste, à ce moment-là sa nourriture sera licite pour moi, et j'accepterai ses offrandes. Celui qui voudra partir, qu'il parte. Mon silence sur ces choses serait une tricherie envers vous. » En vérité, le Shaykh était pure miséricorde pour ses compagnons, faisant le médiateur pour eux dans leurs fautes, couvrant leurs vicissitudes, prenant en charge tout ce dont ils craignent les conséquences, donnant plus d'importance à leurs affaires qu'aux siennes propres.

Un jour, il dit : « L'homme qui ne partage pas les mauvaises actions de son compagnon n'est pas un compagnon pour lui. Si le compagnonnage n'existe que pour les bonnes actions, ce n'est pas du vrai compagnonnage. »

II dit également : « Par respect pour le maître, si le disciple a des choses à lui dire concernant sa religion ou son bas monde, il ne doit pas se précipiter et l'envahir, mais patienter jusqu'à ce qu'il voie à travers l'état du maître qu'il est disponible pour lui et prêt à écouter ses paroles. Tout comme les invocations ont un temps, une politesse et des règles, car il s'agit de la conversation avec Dieu Très Haut, parler avec le maître a également des politesses et des règles, car cela relève d'une conduite envers Dieu Très Haut. Avant de parler au maître des questions qui lui tiennent à cœur, le disciple doit demander à Dieu Très Haut le succès dans sa politesse à l'égard du maître. »

Je lui dis un jour : « Je crains Dieu Très Haut pour des délits que j'ai commis. » Il me dit : « Que sont ces choses ? » Je lui dis alors ce qui m'était arrivé.
Il me dit : « Ne crains pas ces choses, mais le plus grand péché dans ton cas est que tu passes une heure sans penser à moi, c'est cela la transgression qui te nuira dans ta religion et ton bas monde. »


Je lui dis une fois : « O monseigneur, je suis loin du bien. » Il dit : « Abandonne cette idée, et regarde ta position chez moi, c'est sur elle que tu peux compter. » Nous étions avec le Shaykh dans un état dont il est rare d'entendre son pareil. Il ne nous arrivait pas une chose importante ou banale sans que nous ne la lui rapportassions, et à peine l'avions-nous fait qu'il la prenait en charge pour nous ouvertement et apaisait ainsi notre pensée. Il plaisantait et riait beaucoup avec nous, il nous encourageait à nous débarrasser de notre timidité, et commençait le premier à nous entretenir des choses qui nous préoccupaient, et nous disait : « Ne me considérez pas comme un maître, mais plutôt comme un de vos frères. Vous ne pouvez pas supporter la politesse que demande la station du maître, je vous pardonne et vous délie de cela. Prenez-moi comme un frère, l'amitié durera entre nous. » Que Dieu le rétribue pour nous de la meilleure façon, par Sa grâce et Son don.



vendredi 28 octobre 2016

Khadidjeh Nâderi Beni - Le motif et la symbolique de l’arbre dans le Coran



L’arbre est une preuve qui, comme tous les autres éléments de la nature, atteste la toute-puissance de Dieu. Dans le Coran, livre sacré des musulmans, le mot « arbre » est désigné majoritairement par le terme arabe shajar, qui y apparaît à 27 reprises. Plus précisément, en langue arabe, shajar est employé pour désigner toute plante composée d’un tronc. Dans cet article, nous allons donner un aperçu des différentes manifestations et fonctions de l’arbre dans le Coran.

L’arbre dans les allégories du Coran

Le Coran contient un bon nombre d’allégories destinées à mieux faire comprendre certaines idées, ou à donner une description divine de sujets qui dépassent la compréhension humaine. Il est intéressant de constater que la symbolique de l’arbre y est souvent présente :

a) sourate Ibrâhim (Abraham), versets 14 et 24 : « N’as-tu pas vu comment Allah propose en parabole une bonne parole pareille à un bel arbre (shajara tayyiba) dont la racine est ferme et la ramure s’élance vers le ciel ? » ; « Et une mauvaise parole est pareille à un mauvais arbre (shajara khabissa), déraciné de la surface de la terre et qui n’a point de stabilité ».
b) sourate Al-Isrâ’ (Le voyage nocturne), verset 60 : « Et lorsque nous te disions que ton Seigneur cerne tous les gens par sa puissance et son savoir. Quant à la vision que nous t’avons montrée, nous ne l’avons faite que pour éprouver les gens, tout comme l’arbre maudit (shajara mal’ouna) mentionné dans le Coran. Nous les menaçons, mais cela ne fait qu’augmenter leur grande transgression. »

L’arbre, un signe (aya) de la puissance divine

En réfléchissant au sujet de la création, et notamment à la complexité du processus de croissance de l’arbre, les gens intelligents (owlo-l-albâb) peuvent saisir un aspect de la toute-puissance du Créateur. Les versets 27 et 60 de la sourate Al-Naml (Les fourmis) énoncent ainsi : « N’est-ce pas Lui qui a créé les cieux et la terre et qui vous a fait descendre du ciel une eau avec laquelle nous avons fait passer des jardins pleins de beauté » ; « Vous n’étiez nullement capables de faire pousser leurs arbres. Y-a-t-il donc une divinité avec Allah ? Non, mais ce sont les gens qui lui donnent des égaux ».

L’arbre et la louange à Dieu

Selon les enseignements coraniques, Dieu a créé les cieux et la terre ; dès leur création, tous les êtres vivants et les objets inanimés glorifient et louent un Dieu unique. L’arbre, comme toutes les autres créatures de l’univers, a une fonction utile et est un être glorifiant et louant la grandeur de son Créateur. Dans le premier verset de la sourate Djom’eh (Vendredi), on lit : « Ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre glorifient le Souverain, le Pur, le Puissant, le Sage ».

La présence de l’arbre dans la vie des prophètes

Les noms de nombreux prophètes envoyés par Dieu sont cités dans le Coran. L’Histoire des prophètes telle qu’elle y est racontée nous donne un aperçu sur le contenu de leur message et leur mode de vie. L’arbre y est souvent cité, et occupe parfois un rôle de première importance. En voici quelques exemples.


a) Adam : après avoir créé Adam et Eve, Dieu les place dans le jardin d’Éden en leur interdisant de manger le fruit de l’arbre de vie. Ils peuvent donc manger les fruits de tous les arbres, sauf celui de l’arbre défendu. Mais, ils sont tentés par Satan et en mangent tous les deux. Suite à cette désobéissance mais après leur avoir pardonné, Dieu décide de faire descendre Adam et Eve sur terre. Cette histoire est évoquée à plusieurs reprises dans le Coran, notamment à la sourate Al-Baqara (La vache), verset 35 : « Et nous dîmes : Ô Adam, habite le Paradis toi et ton épouse et nourrissez-vous-en de partout à votre guise ; mais n’approchez pas de l’arbre que voici : sinon vous seriez du nombre des injustes. » et la sourate Tâhâ, versets 120 et 121 : « Puis le Diable le tenta en disant : Ô Adam, t’indiquerais-je l’arbre de l’éternité et un royaume impérissable ? » ; « Tous deux (Adam et Eve) en mangèrent. Alors leur apparut leur nudité. Ils se mirent à se couvrir avec des feuilles du Paradis. Adam désobéit ainsi à son Seigneur et il s’égara ».

b) Younos (Jonas) : Messager de Dieu au sein du peuple de Ninive [1], Jonas désespère très vite de son peuple qui refuse d’accepter son appel à la foi. Il délaisse donc sa mission et quitte son peuple sans que Dieu lui en donne l’autorisation. Il embarque dans un bateau et s’éloigne de la région. Dieu lui envoie un châtiment : une tempête violente fait chavirer son bateau. Jonas tombe dans la mer et est avalé par une baleine, sans être blessé. Il reste quelques jours dans l’obscurité de son ventre. C’est là qu’il reconnaît son tort et se repentit en prononçant des prières. Dieu lui pardonne son péché et la baleine le recrache sur la côté d’une île déserte. Dieu y fait pousser un "arbre de courge" et Jonas, faible et malade, se rétablit après en avoir consommé. Cette histoire est détaillée dans le Coran, notamment dans la sourate Al-Sâfât (Les rangés), versets 145 et 146 : « Nous le jetâmes (Jonas) sur la terre nue, indisposé qu’il était » ; « Et nous fîmes pousser au-dessus de lui un arbre de courge ».

c) Moussâ (Moïse) : L’histoire de la vie de Moïse est évoquée dans plusieurs sourates du Coran. Dans une scène s’y rapportant, il se réfugie sur le mont Tour et s’installe à l’ombre d’un arbre. C’est là que Dieu lui révèle sa mission prophétique. Dans la sourate Al-Ghasas (Le récit), verset 30, on lit : « Puis, quand il y arriva, on l’appela du flanc droit de la vallée dans le lieu béni à partir de l’arbre : "Ô Moïse, c’est moi Allah, le Seigneur de l’Univers." ». Dieu choisit donc un arbre pour se manifester à celui qu’Il a choisi comme prophète.

d) Issâ (Jésus) : Alors que la naissance de Jésus approche, sa mère, Maryam (Marie), se retire près du tronc d’un palmier dans un lieu éloigné. Dieu lui dit alors : « Secoue vers toi le tronc du palmier : il fera tomber sur toi des dattes fraîches et mûres. » (sourate Maryam, verset 25).

e) Mohammad : A la VIIe année de l’Hégire et au cours d’un voyage vers La Mecque, les musulmans s’installent sous un arbre dans la région de Hodaybeh. Là, ils prêtent serment d’allégeance au Prophète en s’engageant à lutter contre les infidèles. Conclu sous l’arbre, ce serment est connu sous le nom de Bey’at taht al-shajara, c’est-à-dire "le serment sous l’arbre". Dans la sourate Al-Fath (La victoire éclatante), verset 18, Dieu dit au Prophète : « Allah a très certainement agréé les croyants quand ils ont prêté le serment d’allégeance sous l’arbre. Il a su ce qu’il y avait dans leurs cœurs, et a fait descendre sur eux la quiétude, et il les a récompensés par une victoire proche ».

Nous voyons donc que le motif de l’arbre est très présent dans le Coran, et se voit conférer un rôle particulier dans la vie des prophètes les plus importants reconnus par l’islam.

Les arbres du Paradis

L’un des messages centraux délivrés par le Coran est le caractère éphémère de la vie terrestre, et l’existence d’une vie éternelle dans l’Au-delà. Selon le récit coranique, les êtres humains seront alors divisés en deux groupes : l’un ira au Paradis, et l’autre en Enfer. Dans le Coran, le Paradis est souvent désigné par le mot jannat qui signifie « jardin », et abrite de nombreux arbres toujours verts. Le Coran en donne des descriptions dans plusieurs sourates dont : a) La sourate Al-Insân (L’homme), verset 14 : « Ses ombrages les couvriront de près et ses fruits inclinés bien bas, à portée de leurs mains ». b) sourate Al-Rahmân (Le Tout-Miséricordieux), verset 46 : « Et pour celui qui aura craint de comparaître devant son Seigneur, il y aura deux jardins ».

Dans quelques autres versets, nous pouvons lire les noms de certains arbres fruitiers du Paradis. Ainsi, dans la sourate Al-Wâqi’a (L’événement), versets 28 à 32, les récompenses destinées aux personnes les plus proches de Dieu sont évoquées : « Elles seront parmi des jujubiers sans épines » ; « Et parmi les bananiers aux régimes bien fournis » ; « Dans une ombre étendue » ; « Près des eaux coulantes continuellement » ; « Et des fruits abondants ». L’arbre le plus éminent du Paradis s’appelle Toubâ ; il s’agit d’un très grand arbre qui porte tous les fruits existants. Selon certaines interprétations coraniques, il constitue un symbole de l’amitié des croyants vis-à-vis du prophète Mohammad et des douze Imâms.

Les arbres de l’Enfer

En donnant des descriptions sur les caractéristiques de l’Enfer, Dieu cite un arbre nommé Zaqqoum, qui signifie « chose très amère ». En voici un exemple tiré de la sourate Sâffât (Les Rangs), versets 62 à 66 : « Est-ce que ceci est meilleur comme séjour ou l’arbre de Zaqqoum ? » ; « Nous l’avons assigné en épreuve aux injustes » ; « C’est un arbre qui sort du fond de la Fournaise » ; « Ses fruits sont comme des têtes de diables » ; « Ils doivent en manger certainement et ils doivent s’en remplir le ventre ». Nous pouvons aussi évoquer les versets 43 à 45 de la sourate Al-Dokhân (La fumée) : « Certes l’arbre de Zaqqoum » ; « Sera la nourriture du grand pécheur » ; « Comme du métal en fusion ; il bouillonnera dans les ventres ».

Outre les arbres de l’Au-delà, on peut trouver les noms de certains arbres terrestres dans des passages du Coran. Le palmier (al-nakhl) est cité à vingt reprises dans différentes sourates. Parmi d’autres arbres et fruits cités dans le Coran, on peut surtout mentionner la vigne (‘inab), l’olive (zeytoun), la grenade (rommân) et le lotus (sidr). Ce dernier est évoqué à quatre reprises, et fait surtout allusion à l’arbre qui apparaît durant l’ascension du Prophète au ciel. A ce sujet, on peut lire dans la sourate Al-Nadjm (L’étoile), versets 11 à 16 : « Le cœur n’a pas menti en ce qu’il a vu » ; « Lui contestez-vous donc ce qu’il voit ? » ; « Il l’a pourtant vu, lors d’une autre descente » ; « Près de la Sidrat al-Montahâ » ; « Près d’elle se trouve le jardin de Ma’vâ » ; « Au moment où le lotus était couvert de ce qui le couvrait ».

Le rôle de l’arbre dans la vie terrestre d’après le Coran

Le Coran comporte des versets où Dieu fait allusion aux différents usages de l’arbre dans la vie terrestre de l’homme, et dont voici quelques exemples : a) sourate Yâ-Sin, verset 80 : « C’est Lui qui, de l’arbre vert, a fait pour vous du feu, et voilà que de cela vous allumez ». b) sourate Al-Nahl (Les abeilles), verset 68 : « Et voilà ce que le Seigneur révéla aux abeilles : prenez des demeures dans les montagnes, les arbres et les treillages que les hommes font ». c) la même sourate, verset 10 : « C’est Lui qui, du ciel, a fait descendre de l’eau qui vous sert de boisson et grâce à laquelle poussent des plantes dont vous nourrissez vos troupeaux ».

Bibliographie :

- Abolghâssemi Fakhri, Gholâm-Hossein, La traduction du Coran en français, Qom, Ansâriân, 2000.


- Mo’meni, Mohtasham, « L’arbre dans le Coran » (Derakht dar Ghor’ân), in Golestân-e Ghorân (Jardin du Coran), 6e année, no 170, 1390/2011.


- Taghvâ’ï, Ali-Akbar ; Okhovvat, Hânieh, « Etude sur les différents emplois de l’arbre dans le Coran », in Bayyenât, 6e année, no 3, 1388/2009.

Notes

[1] Une ancienne ville de l’Irak actuel.