Adab[أَدَب ] : terme très riche, désignant à la fois les belles lettres, la littérature, la culture, le sens du mot approprié mais aussi la politesse, la courtoisie et les bonnes manières avec les autres, notamment du musulman envers autrui, selon les conseils et le comportement de l’Envoyé de Dieu. (5)
Dans le cadre du Taçawwuf : relation adéquate entre l’être et son milieu. Les Maîtres décrivent des âdâb pour l’être avec lui-même, avec son Cheikh , avec ses frères, avec les autres êtres.Voir aussi ici
Barakah : influence spirituelle, d’origine divine.
Transmise par Seyyidunâ Jibrîl (.) au Prophète (.), celui-ci la transmit à Seyyiduna Abû Bakr (.) et à Seyyidunâ ‘Alî (.).
Selon René Guénon elle est donc unique, de source unique (1).
Elle est transmise dans les Turûq (pl. de Tarîqah ) par la silsilah des Chuyûkh (pl. de Cheikh ).
Charî'ah : litt. « large route ». Loi extérieure, aspect exotérique de l’Islam. Désigne ce qui doit est respecté et pratiqué par l’ensemble des musulmans.
Cheikh : désigne à l’origine une personne âgée (plus de 50 ou 60 ans ?)
On distingue de la même manière, 5 âges : radi’ = nourrisson ; tifl, çabyyi = petit enfant, prépubère ; châbb = adolescent, jeune homme ; kahl = plus de 40 ans.
Dans l’usage technique, désigne une personne ayant acquis la maîtrise d’un domaine, d’une science.
Dans le Taçawwuf : désigne classiquement un Maître de réalisation spirituelle accomplie et totale.
Par dégénérescence et vulgarisation : terme honorifique, pouvant désigner n’importe quel responsable de Tarîqah , sans considération de sa réalisation effective.
Faqîr : lit. pauvre.
Désigne au sens propre celui qui a réalisé la station spirituelle (maqâm) de la pauvreté (faqr) en Allah.
Désigne, dans l’usage courant, celui qui a fait vœu de pauvreté spirituelle, en se rattachant à une tarîqahmurîd), mais que l’on devrait plus rigoureusement désigner par le terme de mouftaqîr(qui cherche à devenir pauvre), tant qu’il n’a pas atteint le maqâm du faqr véritable, qui consiste à réaliser que la Richesse n’est pas un attribut du serviteur mais d’ Allah Ta’âlâ.
Hadrah: litt. : présence
En relation avec les ahâdith (pl. de hadîth) qui assurent de la Présence d’Allah quand on Le mentionne, seul ou en collectivité : « Je suis le commensal (jalîs) de celui qui Me mentionne », par exemple hadîth qoudsî). Désigne ainsi, dans l’usage habituel des turûq, la réunion de dhikr collectif dont l’objectif est d’entrer en communication consciente avec cette Présence d’Allah. Sa fréquence peut varier selon les turûq, c’est-à-dire selon les méthodes initiatiques : la hadrah peut se dérouler, matin et soir ou une fois par jour seulement, une ou plusieurs fois par semaine (en général, à notre époque), une ou plusieurs fois par mois, à certaines occasions particulières, ou même sans un temps fixé, selon le hâl du Cheikh autorisé qui la dirige, par exemple.
Le dhikr utilisé durant la hadrah peut prendre différents supports, selon les turûq,et dans une même tarîqah , suivant les hadrah : lecture de Coran en commun par un ou plusieurs lecteurs et surtout incantation d’un ou plusieurs Noms divins, en général successivement, selon des modalités pouvant être très riches, plus ou moins sophistiquées, accompagnées ou non de la récitation chantée d’une qaçîdah.
Tout le rituel est plus ou moins strictement codifié, selon les turûq, par des règles qui tiennent à la fois compte d’aspects extérieurs (formes et apparence du déroulement) et intérieurs (modalités du début, du déroulement et de la fin) ; il ne peut être modifié que par quelqu’un qui est autorisé (idhn, ijâzah) à le faire. (7)
Hâl : état spirituel momentané (3), instable.
Haqîqah : Vérité ou Réalité essentielle.
Désignation logique d’Allah -Ta’âlâ- comme But (Maqsûd) de la Connaissance (Ma’rifah), comme « Terme » de la Tarîqah .
Jihâd: guerre sainte, c’est-à-dire établie dans un cadre traditionnel.
Le hadîth distingue la petite guerre sainte de la Grande Guerre Sainte, qui est celle du combat contre la nafs , pour établir la Grande Paix (Sekînah) à l’intérieur de l’être, opposition des conflits et désordres, permettant l’accès à un état d’équilibre harmonieux suprême.
Maqâm : état (ou degré) spirituel permanent. (3)
Maqsûd : But, Objet de la quête spirituelle.
Ma’rifah : Connaissance, effective.
Muqaddem : représentant du Cheikh .
Peut aussi dans certaines turûq être désigné par le terme de naqîb.
Il peut assurer partie ou la totalité des fonctions initiatiques du Cheikh dont il dépend.
Murîd : litt. « celui qui veut ». Terme général qui désigne celui qui recherche Allah.
Est associé parfois à Faqîr (pl. fuqarâ) pour faire la distinction entre, respectivement, celui qui demande le rattachement à une Tarîqah et celui qui est rattaché à une Tarîqah .
On fait remarquer qu’en réalité il n’y a de Murîd qu’Allah Ta’âlâ, car c’est Lui qui détient la Volonté (Sâhib el-Irâdah).
Nabî, (pl. anbiyâ) : prophète
Le Nabî n’a pas la fonction d’instituer une nouvelle loi divine (Charî’ah) mais de confirmer aux hommes la loi instituée par le Rasûl qui l’a précédé.
Cette fonction n’a pas le caractère universel de celle du Rasûl, et peut-être plus ou moins limitée quant à son étendue et son but propre. La condition de Nabî implique tout d’abord en elle-même celle du walî. (7)
Nafs: ego
Qaçîdah: poème, plus ou moins long, écrit généralement par de grands Maîtres, sous l'emprise d'une inspiration ou d'un épisode spirituel important.
C'est un usage fréquent que d'utiliser la récitation plus ou moins complète d'une qaçîdah pendant les séances des rites collectifs dans les turûq, en préambule d'un dhikr ou pendant son déroulement même, en vue d'encourager les participants. Elle prend son origine dans les chants que déclament les chameliers pour encourager la caravane et dans l’usage des poètes qui récitaient leurs œuvres avant les affrontements de la petite guerre sainte, cette guerre qui n'a pas pour but de combattre la nafs , mais les hommes entre eux pour l'établissement de la Paix.
Rassûl , (pl. rusûl) : envoyé, messager, émissaire.
Le Rasûl est « missionné » par Allah – Ta ‘alâ – pour instaurer une loi exotérique (Charî’ah) ; il est en quelque sorte le « véhicule » par lequel cette loi, dont il est le support, est dirigée vers notre monde.
Le Rasûl manifeste l’attribut divin d’Er-Rahmân dans tous les mondes [« Rahmatan lil-‘âlamîn » (21 ; 107)] et non pas seulement dans un certain domaine particulier comme le Nabî (7). (Prophète)
On pourrait ainsi dire que la fonction du Rasûl « englobe » celle du Nabî .
Sâlik: cheminant dans la Tarîqah .
Désigne celui a fait l’objet d’une progression sur le Chemin, c’est-à-dire une progression effective dans la Connaissance, le rapprochement (taqarrub) vers son Seigneur.
Silsilah : chaîne, de transmission.
Est constituée par l’ensemble de ceux qui, ayant chacun reçu la barakah d'un Cheikh autorisé, la transmettent de manière ininterrompue, jusqu'au récipiendaire (murîd) ; chaque Cheikh constituant ainsi un maillon de la chaîne initiatique.
Sirr : réalité intime, cachée, secret.
Dans le Taçawwuf : secret initiatique (1)(2), désignant la Connaissance Suprême (Ma'rifah).
Taçawwuf : initiation islamique, soufisme.
René Guénon (1)(2) insiste sur la distinction à établir avec le mysticisme.
Taqarrub : rapprochement, vers Allah.
Ce terme a son origine dans un hadîth. Il désigne le processus de progression spirituelle, par la Connaissance, effectué par le sâlik .
Tarîqah : chemin, voie, Voie.
Désigne habituellement le chemin spirituel (ou initiatique) qui joint logiquement la Sharî’ah à la Haqîqah .
Tawajud : fait de rechercher leWajd. Certains traduisent cela par extase mais d'autres utilisent l'expression "intuition spirituelle".(3)
Tawassul: du mot wassîlah qui veut dire : moyen, artifice, manière, façon, bonnes actions, comportement, intercession, chemin, etc...
En général : tout ce qui permet à quelqu’un d'atteindre son but.
Le tawassul désigne ainsi l’intercession, qui est le fait de « prendre appui » sur ces moyens pour obtenir quelque chose. (4)
C’est une disposition, une pratique, utilisée dans le Taçawwuf , de faire le tawassûl principalement par le Prophète –qu’Allah prie sur lui et le salue-) pour progresser dans la Voie, ou dans d’autres buts plus secondaires.
Les gens de compréhension limitée critiquent le tawassul , qu’ils qualifient d’associationnisme (shirk), alors que les Maîtres de la Voie, ainsi que, d’ailleurs, les Maîtres réguliers de l’exotérisme (Chari’ah), la défendent.
Tawhîd: litt. « action d’unifier » (du verbe wahhada), est morphologiquement un maçdar, à la fois verbe et nom (analogue à un infinitif en français pris au sens subsantival).
Dans l’emploi religieux, il a le sens spécial de « reconnaître ou professer l’Unité divine », et en tant que terme abstrait de la théologie, il désigne le «principe de l’Unité », le « dogme de l’Unité divine». La métaphysique du Soufisme y ajoute le sens de « réalisation de l’Unité », avec des variantes comme : « connaissance de l’Unité », « conscience de l’Identité essentielle », etc… » (9)
Wajd : Certains traduisent cela par extase mais d'autres utilisent l'expression "intuition spirituelle".(3)
Walî (pl. awliyâ): ami/proche (généralement d’Allah : walî Allah), saint, maître, protecteur, tuteur, partisan. Peut aussi désigner Allah [« Allah est l’Ami-Protecteur (Walî) de ceux qui croient » (2 ; 257)].
Selon l’interprétation d’un verset coranique [« Dis : « Voici mon chemin (sabîlî) ! Nous appelons à Allah en toute clairvoyance (‘alâ baçîratin), moi et ceux qui me suivent » (12 : 108)], ce sont les êtres qu’Allah – Ta‘alâ – a disposé dans notre monde, jusqu’à la fin des Temps, pour appeler à Lui. Sous un autre rapport, ils sont aussi considérés comme les héritiers du Prophète Mohammed [ Selon une certaine acception de la notion de science (‘ilm) dans le hadîth prophétique : « les savants sont les héritiers des prophètes ».]
Il est dit qu’Allah les occulte ou les dévoile aux autres hommes en fonction de la capacité qu’ont ces derniers à appréhender la réalité dont les Awliyâ sont les supports. [Selon la parole d’un Maître : « Les Saints sont comme les mariées ; on ne les montre pas aux scélérats »].
Le symbolisme de la lumière est parfois utilisé pour exprimer le rapport qui existe entre Le Prophète et les Saints : La haqîqah el-mohammediyah éclaire le cœur du Saint comme le soleil éclaire la lune, qui elle-même éclaire à son tour mais de façon indirecte et comme par réfléchissement (8).
Sous un autre aspect, les Saints sont également les signes (âyât)par lesquels qu’Allah se manifeste aux hommes [« Tels sont les signes (âyât) d’Allah : Nous te les révélons en toute vérité » (2 ; 252)].
(cf.
*
Références
2.René Guénon, Aperçus sur l’Esotérisme islamique et le Taoïsme,
3.Selon Dhâkir, Traduction respective de hal et de tawajud (17 oct 2008)
4.Selon Arrahmani,
5.Selon Mima (31 oct 2008)
6.René Guénon, La Grande Triade
7.René Guénon, Initiation et Réalisation Spirituelle
8.Ibn Ata Allah, Latâif el-minan
9.Michel Vâlsan in « Le livre d’enseignement des formules indicatives des gens inspirés », Etudes traditionnelles puis aux Editions de l’œuvre (Selon Abdoun da’îf,
En blanc, source : http://www.soufisme-fr.com/forum.php
Voir aussi Glossaire des termes Arabes par Titus Burckhardt
Egalement l'essai sur le lexique de Ghazali par Farid Jabre ici : http://www.ghazali.org/books/GZ-LEXIQUE.pdf
Aussi : sur le site "Le Porteur de Savoir" : http://leporteurdesavoir.fr/forum/viewtopic.php?f=20&t=51
A suivre incha Allâh
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