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dimanche 21 juin 2020

Les dix mille êtres - Turba Philosophorum

                                                

                                                                  Turba Philosophorum























Article paru dans Le Miroir d'Isis n°25 (2018).




Cherche la science jsqu’en Chine
(Hadith)

A. A.


Dans la tradition extrême-orientale, les « dix mille êtres » sont une expression qui désigne la totalité des êtres manifestés. Cette expression est utilisée à maintes reprises dans les textes taoïstes, et au premier chef bien entendu dans le Tao-te-king de Lao-Tseu1. Cette particularité n’est malheureusement pas toujours évidente pour le lecteur occidental, car de nombreuses traductions modernes croient bien faire en rendant (selon le « sens ») les « dix mille êtres » par « tous les êtres » ou quelque autre expression plus ou moins équivalente. Il s’agit là selon nous d’un choix très regrettable, car si la signification de l’expression est bien celle-là, le symbolisme qui lui est lié dans la langue chinoise est de la sorte complètement perdu. Nous ne parlons même pas ici du symbolisme lié à la forme graphique des idéogrammes, mais à celui qui se rapporte au nombre « dix mille », et sur lequel, précisément, les lignes qui suivent se proposent de se pencher un peu plus avant.








mercredi 31 août 2016

Abdallah Penot - Futuhat 50 : par quoi connaît-on Dieu ? Intellect, tradition et dévoilement.




 Les preuves rationnelles décisives ne font qu’établir qu’Il est une divinité unique, aussi pour les théologiens comme pour les gens du dévoilement : il n’est de divinité que Lui !

Après qu’aient été établies la preuve rationnelle de Son unicité ainsi que la science évidente et non moins rationnelle de Son « existence » (note du trad. toute expression, étant forcément limitative, ne saurait s’appliquer de manière totalement adéquate à Allâh…), nous avons vu que les « gens de Dieu », qu’il s’agisse de saints, de prophètes ou d’envoyés, apportent des éléments de connaissance relatifs aux attributs divins que la raison condamne bien qu’ils soient confirmés par les descriptions des prophéties et par les indications divines. Les gens de la Voie ont étudié ces significations (hermétiques) pour obtenir une connaissance qui les distingue des théologiens, lesquels se sont arrêtés là où les avait conduit leur cogitation, malgré la foi qu’ils ajoutent aux indications divines ; c’est pourquoi ils ont dit : « Nous savons qu’il y a une étape de la connaissance qui dépasse celle de la perception rationnelle dont elle est indépendante et qui appartient aux prophètes ; c’est par elle que les grands saints acceptent les inspirations qui leur sont communiquées à propos de la Majesté divine. »

Ce groupe (de connaissants) a œuvré pour l’obtenir en pratiquant des retraites spirituelles    (khalawât) et (en répétant) des litanies recommandées par la Loi en vue de purifier leur cœur et d’en ôter les souillures de réflexion ; car le « penseur » ne médite que sur les créatures (non sur l’Essence divine) et sur ce qu’il convient d’attribuer à Celui qui a reçu ce Nom de « Dieu ». Ne trouvant pas d’attributs personnels à Lui attribuer (çifa ithbât nafsiyya), il se met à examiner tous les attributs qui ont un correspondant possible chez la créature en niant qu’un tel attribut puisse être divin afin de ne pas soumettre (la Divinité) à son statut de la même façon que la créature. C’est ainsi qu’ont procédé certains théoriciens en matière de théologie affirmant l’existence de tel attribut dans le monde sensible et le niant comme attribut du non-manifesté (vice versa). Or, il est impossible que l’Essence soit associée en quelque façon à la créature dans un attribut quelconque, car chaque attribut propre au possible (à la créature) disparaît avec la disparition même de ce possible (note du trad. En clair, le mort ne peut être qualifié de « vivant » par exemple), ce qui est le cas des attributs personnels, ou encore disparaît en dépit de (la prolongation de) l’existence de ce possible, ce qui peut être le cas des attributs.

D’autre part, ces attributs que les théologiens voudraient tantôt accorder et tantôt nier dans le monde sensible ou dans le non-manifesté relèvent en eux-mêmes (tels qu’ils les ont envisagés) du possible ; ce faisant, c’est comme s’ils avaient décrit l’Etre nécessaire en lui-même par ce qui est possible par nature. Or, le Nécessaire ne S’accommode pas de ce qui peut être ou ne pas être, et si une telle description est impossible compte tenu de la nature réelle de ces attributs, il ne reste plus qu’une communauté d’attributs purement verbale puisque cette association (d’attributs) est nulle et non avenue, que l’on considère leur nature ou leur définition. Jamais l’Attribut divin ne sera assimilé (associé) à l’attribut créé dans une définition commune, si bien qu’il est vain de vouloir rejeter ce que les théologiens ont soutenu ou au contraire nié en affirmant que tel attribut appartient au monde sensible ou n’appartient pas au non-manifesté.

Aussi, lorsque nous soutenons que Dieu est savant, cela n’a pas la même signification que lorsque nous disons d’un homme qu’il est savant, car ni la signification ni la nature de la science ne sont identiques dans les deux cas. L’attribution de la science à Dieu est radicalement différente de son attribution à la créature. Si la Science éternelle et la science créée étaient d’une Essence unique, elles auraient reçu une même définition essentielle et ce qui eût été impossible pour l’une l’eût été pour l’autre en vertu de leur commune nature. Or, nous avons vu que les choses n’étaient pas ainsi.


(Muhyî-d-Dîn Ibn Arabî, Extraits du Chap.50 des Futûhât : De la connaissance des hommes de la perplexité et de l’impuissance ; traduit par A.Penot)