jeudi 2 mai 2013

L’Islam est une norme souveraine - Cheikh al-Alawî

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Cheikh al-Alawî
Source : Journal al-Balagh al-Jazaïri
Pour lire le texte en arabe, cliquez sur ce lien.
 
 
L’islam se présente comme « Norme supérieure » pour les hommes, afin qu’ils dépendent de sa guidance, qu’ils soient soumis à ses commandements et qu’ils se conforment à ses ordres et à ses interdits. Il n’a jamais été pour eux une simple recommandation parallèle au Décret divin. Il est le juge qui tranche entre les adorateurs d’Allah sans distinction, selon « la balance de l’équité», dans l’élévation ou dans l’abaissement.

Ainsi a été l’Islam que les musulmans regardaient avec respect et grandeur, n’aimant que ce que l’Islam aimait et ne répugnant qu’à ce que l’Islam répugnait, faisant fi du désir de leur ego (nafs), de la passion des autres, et surtout des incitations tendancieuses des haineux.

Ceci a duré jusqu’aux temps présents, jusqu’aux confins résiduels de ces temps où Allah nous a envoyé des gens qui ne reconnaissent pas ce Droit Sacré et cette soumission pure, mais pensent que l’islam doit s’adapter aux bouleversements présents et à l’évolution temporaire : ils n’acceptent alors que ce qui s’en accommode et rejettent le reste.

Ceci est le résumé des incitations des temps présents. Que l’Islam devienne dépendant des passions de l’âme individuelle (nafs) après avoir été son répresseur, son justiciable après avoir été son juge : Allah en a ainsi décidé. Quelle sera la finalité de ce retournement subit ? Allah sait, Gloire à Lui.

Maintenant, nous entendons ergoter : l’islam n’est que « ceci ou cela », sa raison d’être est « ceci ou cela », et bien d’autres conjectures encore, au point que le lecteur est amené à croire que les prédécesseurs n’en avaient pas saisi l’esprit, sinon comment justifier de tels ajustements ? Or, ces ajustements sont susceptibles de dévier la religion de son rôle qui vise la finalité de la vie humaine dans sa composante éternelle, car en effet, la nécessité de cette vie est une des exigences de la Vie Éternelle. Le Très-Haut dit : «... Qu’est la jouissance de la Vie Immédiate au prix de la vie Dernière, sinon peu de chose ? » (Cor. IX, le Repentir, 38)

Le devoir du musulman qui veut ici-bas (Donia), est de le chercher par la voie licite en sachant ce que la Religion (Din) ne lui interdit pas ; mais il n’est pas dans l’essence du Din de lui préciser la manière de le quérir... contrairement à ce qui sort de certaines plumes et apparaît de certaines expressions : pour ces esprits confus, la religion n’est qu’un moyen de répondre à nos besoins (un outil de gestion de la vie courante), et que par conséquent elle nous est plus utile pour la Vie Immédiate (Donia) que pour la Vie Dernière (Akhira). Cet abus constitue, sans doute, un crime majeur contre la religion et le plus grand détournement de son but qui ne peut être confiné dans cette vie éphémère. [2]

Pour cette raison, il incombe au musulman se prévalant de la religion, d’éviter d’être absorbé dans la vie immédiate (Donia), coupé des aspirations et des impératifs de l’Au-delà (Akhira) ; la religion n’est pas opposée à ce qu’il obtienne de façon licite ce qu’il désire de correct pour cette vie, mais, en tout ce qui le concerne, il doit se référer entièrement à ses prescriptions et aux dispositions de sa législation.

Le musulman doit savoir que nous sommes tenus de revenir aux prescriptions religieuses et de nous référer à notre identité, si nous voulons rester musulmans.

Par contre, il est préférable, pour celui qui veut instrumentaliser la religion pour asseoir sa théorie, de chercher un appui plus commode en dehors de celle-ci, car la Juridiction sacrée ne permet pas la réforme de ses commandements : tant que l’homme est l’homme, le licite demeure licite et l’interdit demeure interdit.

Le musulman est celui qui, avec grandeur et vénération, assoit ces commandements en lui-même et en ceux qui sont sous son autorité ou sa protection. Allah –Exalté soit-Il- dit : « Non ! Par ton Seigneur ! Ils ne croiront point avant qu’ils t’aient fait arbitrer ce qui est litige entre eux ; ils ne trouveront plus ensuite de gêne (haraj) à l’égard de ce que Tu auras décidé et ils se soumettront totalement » (Cor. IV, Les Femmes, 65).

Et dans un Hadith : « ne croira quelqu’un parmi vous que lorsque sa passion sera inféodée à ce que je vous annonce ».

Celui qui se veut croyant doit donc tout soumettre à la Loi divine (Char’), obéir à ses injonctions sans exception et sans se donner le choix. Allah –Exalté soit-Il- dit : « Il n’est ni d’un croyant ni d’une croyante, quand Allah et Son Envoyé ont décrété une affaire, de se donner à choisir sur cette affaire. Quiconque désobéit à Allah et à Son Envoyé est dans un égarement évident » (Cor. XXXIII Les Factions, 36).

Ainsi il ne laisse, ni à son esprit, ni à celui des autres quels qu’ils soient, aucune autorité sur la Loi (Char’) et rejette les prétentions de ceux qui affirment que l’islam est venu pour le bonheur des hommes, bonheur qu’ils définissent à leur convenance, et qui, en réalité, ne dépasse guère la satisfaction des besoins de leur nafs et de leurs désirs bestiaux. Ceux-ci prétendent que la religion doit les suivre sur cette voie parce que cette religion est pour eux celle de la civilité et du progrès et celle de bien d’autres qualificatifs encore. Vient-on à les contredire et à leur dire qu’il ne peut pas en être ainsi, ils qualifient la religion d’immobilisme, d’extrémisme, d’anachronisme, ou alors de légendes. Comment sortir de ce dilemme dangereux et de cette voie enclavée : est-il préférable pour eux que la religion soit celle de la civilité et du progrès ou celle de l’extrémisme ou de légendes ?

Il est clair que dans les deux cas, ils se tiennent au bord mouvant d’un précipice, le Din ne leur étant acceptable que s’il équivaut au « non Din ». Quelle serait alors l’importance d’une telle religion soumise aux désirs des croyants plutôt qu’ascendante à leur égard ?

Nous recommandons aux croyants et à ceux qui conservent un fond de foi de garder la vision qu’ils avaient de leur religion, et d’éviter tout ce qui est de nature à aboutir à ce à quoi tendent ceux qui persistent dans le courant de la facilité, afin qu’ils ne leur échoit pas un droit de participation à quelque chose de ce genre ; le Prophète (salallahu’ alayhi wa salam) dit : « si vous entendez qu’on blasphème à propos des versets (aya) d’Allah, ne restez pas avec eux jusqu'à ce qu’ils changent de discussion. ». C’est ce que nous savons, et il est préférable de nous y conformer jusqu'à ce qu’Allah vienne avec Son Ordre. Et «Celui qu’Allah guide est dans la bonne direction et celui qu’Il égare ne se trouvera aucun patron (wali) pour le diriger. » (Cor. XVIII, La caverne, 17).

Et que la Paix d'Allah soit sur vous ainsi que Sa Miséricorde et Sa Bénédiction.

Source : Journal al-Balagh al-Jazaïri

 Notes

[1]Textuellement : « L’islam est suivi, il n’est pas dépendant »

[2][NdT] Deux versets coraniques sont très éloquents à cet égard. Allah dit : « Et propose-leur la parabole de la Vie Immédiate comparée à une eau que Nous avons fait descendre du ciel et dont se gorgent les plantes de la terre. Celles-ci deviennent herbage desséché que dispersent les vents. Allah sur toute chose est Omnipotent» « Les biens, les fils sont la parure [éphémère] de la Vie Immédiate. Cependant les œuvres impérissables, les œuvres pies ont meilleure récompense auprès de ton Seigneur, et meilleure espérance » (Cor. XVIII, 44-45)

 

Traduit de l'Arabe par l'excellente équipe du site Soufisme-fr.com

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