بـــسْم ﭐلله ﭐلرّحْمٰن ﭐلرّحــيــم ﭐللَّهُمَّ صَلِّ عَلَى سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ وَ عَلَى آلِهِ و صحبه وَ سَلِّمْ السلام عليكم و رحمة الله و بركاته
lundi 30 juillet 2012
LA DOCTRINE DE LA « DESCENTE SEIGNEURIALE »
D'après l'enseignement métaphysique de Cheikh Ahmad At-Tidjânî
(Extraits du Livre : Jawâhirul Ma'ânî, Edition Dâral Jîli - Beyrouth- pages 29 à 36) écrit par Sidi Ali Harâzim Ibn al'-Arabî Barrâda
INTRODUCTION
Au coeur de la doctrine métaphysique de Cheikh Ahmad At-Tidjânî, se trouve la théorie ontologique de la « Descente Seigneuriale ». Quel est le sens de cette «Descente» ? C'est que Dieu, en tant qu'Essence, s'affirme comme un absolu transcendant, en soi inconnaissable. Il est le Sur-Être ou Non-Être [1], l'Immuable, l'Inconditionné, l'Indéterminé, le Principe affranchi de tout attribut humain. En d'autres termes, l'Essence Absolue demeure en Elle-même un Mystère Ineffable et Indicible qui se situe dans un degré d'élévation et de sublimité hors d'atteinte de toutes les facultés relevant de l'ordre sensible [2](Deus Absconditus). Les seules choses qui soient accessibles à la créature sont les phénomènes palpables, historiques, détectables par les sens. Cependant, au sein même de l'Essence occultée eut survenue une tension de désir de se rendre saisissable, précisément de se manifester dans le domaine phénoménal. Et pour concrétiser sa tension interne, c'est-à-dire son irrépressible désir d'«être connu», l'Absolu Inqualifié, sous l'impulsion de sa Volonté libre et souveraine, abandonna miséricordieusement son caractère transcendant (Deus Revelatus), car d'évidence, on n'accède pas au phénoménal sans provoquer une rupture d'avec le transcendantal.
C'est l'acte propulsif de cette auto-manifestation de l'Essence hors d'elle-même, fruit de Son Amour et de Sa Générosité, qui constitue précisément une "descente", en arabe «tanzîl», vocable désignant une « irradiation » ou une «révélation théophanique» (tajallî). L'idée sous-jacente, c'est qu'il y a une rupture de niveau. De même d'ailleurs, la Révélation coranique est appelée « tanzîl », littéralement "descente", au sens de passage d'un plan à un autre, c'est-à-dire du Silence à la Parole. Il nous parait important de préciser occasionnellement que le Saint Coran, dans sa totalité, correspond au Verbe divin, lequel comporte deux modalités essentielles : a. celle de la « Pensée sainte», qui désigne l'état où le Verbe, établi à l'intérieur de l'Omniscience divine, reste encore innommable, car ne pouvant être exprimé par aucun mot, et donc incognocible et inintelligible ; b. et celle de la « Parole sacrée », qui correspond au Verbe en tant qu'Il est proféré (Qur'ân), qu'Il est révélé. C'est à partir de cette Révélation que s'est produite son illumination qui en rend possible le discernement (Furqân) ou la clarification. La Révélation, ainsi appréhendée, se réfère à l'auto-divulgation du Verbe divin par le passage du Silence à l'Expression, du bâtin (l'intérieur) au zâhir (l'extérieur), du Qur'ân (mode principiel et synthétique du Verbe) au Furqân (descente du Verbe en mode distinctif ou séparatif). Ce qui vient d'être dit de la Révélation - qui est le processus par lequel le Verbe, en soi ineffable et informe, sort de son mutisme originel et laisse apparaître, en mode expressif, les potentialités tacites que sont les idées, mots et expressions qu'Il comporte et contient « en soi-même » de toute éternité - s'applique autant sur l'Univers, qui également issu de la Parole existenciatrice (« Kun » : le Soit !), représente analogiquement l'automanifestation du Principe même de Dieu, son affirmation extérieure, correspondant à sa "descente" dans l'ordre phénoménal, sans quoi le monde ne saurait exister. Cette "Descente", issue de la volonté de Dieu d'être connu, a alors dévoilé la Face du Seigneur (le Rabb, propriétaire des Noms et Attributs) et produit l'Être, faisant apparaître les richesses infinies que l'Un Primordial et Omnipotent recèle en Lui. De tout ce qui précède, il ressort que la "Descente Seigneuriale" peut alors être appréhendée comme étant l'auto-révélation généreuse de l'Essence pure jusqu'alors inconnue, par le passage relatif de la Puissance à l'Acte, de la Transcendance à l'Immanence, de l'Indicible au Dicible, bref, de la Non-manifestation à la Manifestation. Par ce passage, le Réel devint perceptible dans le contingent, l'Absolu dans le relatif, le Créateur dans la créature, et par là même, l'Inconnaissable devint Connaissable. Dans l'ouvrage « Jawâhir-al-Ma'ânî », Cheikh 'Alîy Harâzim nous retrace les grandes lignes de la doctrine de la « descente seigneuriale», tirées de l'enseignement métaphysique de notre Maître Cheikh Ahmad At-Tidjânî, le Grand pôle, réceptacle du secret coranique, interprète inspiré de l'herméneutique spirituelle du Livre Sacré.
CHAPITRE PREMIER LES DEUX ASPECTS DIVINS : TRANSCENDANCE ET IMMANENCE
La descente, nous l'avons vu, est une dynamique d'individuation ; mue par un désir divin de révélation, d'actuation et de présentification ; par laquelle l'Essence se retranche de sa condition transcendantale et Se laisse saisir à travers Sa présence effective dans les substrats perceptibles du domaine sensible. Comme référence scripturaire relative à «la descente du Principe divin dans le monde manifesté», on peut mentionner le propos prophétique « hadith nabawî » dans lequel l'Envoyé d'Allâh, Muhammad - qu'Allâh répande sur lui Sa grâce unitive et sa Paix- déclare :
يَنْزِلُ رَبُّنَا كُلَّ لَيْلَةٍ إِلَى سَمَاءِ الـدُّنْيَا فَيَقُولُ هَلْ مِنْ دَاعٍ يَدْعُونِي فَأَسْتَجِيبَ لَهُ، هَلْ مِنْ مُسْتَغْفِرٍ يَسْتَغْفِرُنِي فَأَغْفِرَهُ، هَلْ مِنْ تَائِبٍ يَتُوبُ فَأَتُوبَ عَلَيْهِ هَلْ مِنْ سَائِلٍ يَسْأَلُنِي فَأُعْـطِيَـهُ
« Notre Seigneur descend chaque nuit vers le ciel le plus proche et dit : qui M'invoque, afin que Je lui réponde; qui implore Mon pardon, que Je le lui accorde ; qui se repentit, que Je lui accepte son repentir ; qui Me demande, afin que Je lui donne? »
اعْـلَمْ أَنَّ لِلْحَـقِّ فِـي مَـرْتَـبَةِ ذَاتِـهِ نِسْبَـتَـيْنِ نِسْبَةُ الْـكُنْهِ... ونِسْبَةُ الـتَّـنَزُّلِ
« Saches à point n'en douter que l'Absolu Réel (Al-Haqq), envisagé sous le rapport du degré ontologique de son Essence, possède deux aspects fondamentaux : 1- celui de l'Essence Transcendante « Al-Kunh » (l'En-Soi : désignant Sa NonManifestation), 2- et celui de la « Descente» de cette Essence « At-Tanazzul » (correspondant à Sa Manifestation). » (p. 29) Cheikh Ahmad-At-Tijân nous montre d'emblée que l'Essence divine, dans Sa totalité, comporte un double aspect de transcendance et d'immanence (tansîh wa tachbîh): l'un tourné vers la non-manifestation, l'autre tourné vers la manifestation. Il nous fait comprendre que Dieu est l'Être nécessaire (al-wujûd al-wâjib) qui exclut tout ce qui n'est pas Lui (kullu mâ siwâ Hu)[3] et inclut tout ce qui est possible et existant (al-mumkinât).
Principe absolu se « Suffisant à Soi-même » (Al-Ghaniyy), Il est le Transcendant qui ne contient rien en Lui que Lui-même à l'exclusion de tout autre chose, car il tire de Lui-même Sa raison suffisante. Mais, simultanément, étant « le Détenteur de la miséricorde » (Zûr-Rahmah), Il est aussi l'Immanent qui sustente les êtres et pourvoie à tout ce qui intéresse Sa création (cf. Cor. 6 :133). Il ressort de là que Dieu est tout à la fois, alliant immanence phénoménologique et transcendance ontologique; et si antinomiques que soient ces deux aspects, ils se conjoignent en le véritable Être, qui est Le Seul à même d'assumer la dialectique. En d'autres termes, Dieu est l'Être au sens absolu qui réunit les contraires et, en les articulant entre eux, concilie les opposés et en fait des complémentaires. Il représente l'Harmonie Suprême, au sein de laquelle sont exclues les limites et les dualités. À la fois l'Eternel (al-Hayy) qui est affranchi de toute différenciation et de toute modification, et l'Immuable, c'est-à-dire le « Subsistant par Soi-même » (al-Qayyûm), en qui et grâce à qui tout subsiste miséricordieusement, l'Essence conditionne tous les êtres subordonnés et contingents, et n'est conditionnée par aucun autre être. Par Sa Transcendance, l'Unique est absolument indépendant à l'égard des mondes, tel qu'exprimé dans ce verset : « Dieu Se passe largement des mondes » (Cor 3:97). En revanche, l'Immanence par laquelle Dieu s'est révélé aux mondes implique Sa dépendance à l'égard des êtres qui sont les lieux de manifestation de Ses attributs; et c'est certainement pour cette raison que le soufî, Cheikh Abdul Wâhid Yahyâ, a pu estimer que « le Transcendant est immanent au Monde, sans quoi celui-ci ne saurait exister, et l'Immanent est transcendant par rapport à l'individu, sans quoi Il ne le dépasserait pas. » Ainsi, tout ce qui fait partie de l'Essence est complémentaire : l'Apparent et le Caché s'unifient, l'être et le néant s'engendrent, le Silence et la Parole s'harmonisent et le Premier et le Dernier se suivent; ils ne sont pas contraires mais bien inhérents l'un à l'autre ; et c'est cette interpénétration du « Jalâl » et du « Jamâl » qu'exprime précisément ce verset : « Tu fais pénétrer la nuit dans le jour, et Tu fais pénétrer le jour dans la nuit ; Tu fais sortir le vivant du mort, et Tu fais sortir le mort du vivant.». (Cor 3:27).
De l'état de Non-Manifestation de l'Essence
L'état de Non-Manifestation est là où l'Essence divine est dans Sa transcendante Nudité, au-delà de toute attribution, de toute détermination, de toute désignation et de toute indication, selon Sa parole : « Gloire à LUI ! IL est au-dessus de tous ce qu'on peut décrire » (Cor. 6 :100). A ce degré, il n'y a que le Principe un et absolu. Rigoureusement vide de tout aspect sensible, l'état de Non-Manifestation n'admet alors ni localité (ayna), ni modalité (kayfa), ni figure (çûra), ni délimitation ou contour (hadda), ni trace (rasm), ni substance (jawhar). Il s'agit d'un degré ontologique qui implique l'exclusion de toute individualité, c'est-à-dire de tout attribut corporel ou matériel (jism) et de toute qualité formelle (shakl). C'est d'ailleurs l'absence de toute détermination limitative de « l'état non manifesté » qui fait que celui-ci ne peut aucunement être affecté par les mutations inhérentes aux localisations phénoménales et au devenir temporel. Notre Maître Cheikh Ahmad-At-Tijânî nous en donne ainsi un éclairage intéressant :
وَهَذِهِ الْمَرْتَبـَةُ بَعِيدَةٌ عَنِ التَّغَيُّرِ بِالزَّمَانِ وَالْمَكَانِ وَالنِّسَبِ وَالْإِضَافَـاتِ وَالْجِـهَاتِ وَالتَّوَجُّهَاتِ. لاَ تَقْبَلُ شَيْـئًا مِنْ هَذَا النِّسَبِ لاَ ظَاهِراً وَلاَ بَاطِـنًا وَلاَ حَقِيقَـةً وَلاَ مَجَـازًا
«Ce degré d'occultation absolue de l'Essence est non assujetti aux mutations résultant des implications spatiales ou temporelles ou causales ou relationnelles ou directionnelles ou dimensionnelles. Il n'admet aucune de ces déterminations limitatives, ni extérieurement ni intérieurement, ni réellement ni virtuellement...» (p. 29) L'Essence, dans l'état inconditionné, n'est soustraite à aucune limitation par le fait qu'Elle est, en son principe même, en retrait du visible et du sensible. Elle est le Premier et le seul Être Eternel et Infini. Son éternité suggère, non pas l'idée d'une durée illimitée, mais plutôt celle d'une intemporalité et Son infinité suggère l'idée d'absence de toute notion d'espace.
De l'état de Manifestation de l'Essence :
والنِّسبة الثّانية : نسبة التّنـزل ، إما بِالنِّيَابَةِ وإما بِالرَّحْمَةِ وَالْفَضْلِ ، وإما بِالْغَضَبِ وَالْبَطْشِ، وإما بِالْاِشْتِرَاكِ
« Le second aspect de l'Essence est celui de la "Descente théophanique " (AtTanazzul) qui s'opère soit par la médiation (niyâba), soit par la miséricorde et la faveur (rahma wal-fadl), soit par le courroux et le châtiment (ghadab walbatch), soit par la participation (ichtirâk). »
Les différentes formes théophaniques
1-La théophanie par médiation :
فأما نسبة النيابة فهو مثل قوله صَلَى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ: "السُّلْطَانُ ظِلُّ اللهِ فِي الْأَرْضِ" ومعناه ينوب عن الله سبحانه وتعالى ، بإيقاع الخير والشر لإصلاح الأرض ...وكقوله سبحانه وتعالى : وَإِذْ قَالَ رَبُّكَ لِلْمَلاَئِكَةِ إِنِّي جَاعِلٌ فِي الأَرْضِ خَلِيفَةً - البقرة
La descente par médiation peut être comprise à travers cette parole du Prophète (sas) : « Le roi est l'ombre d'Allah sur terre ». C'est-à-dire : par l'entremise du roi, Dieu Exalté soit-Il - applique le bien ou le mal (qui conviendrait à chaque situation), afin de maintenir l'harmonie sur terre. (...) C'est également ce qui est fait allusion dans ce verset : " Lorsqu'Allah dit aux anges : Je vais susciter sur terre un vicaire "
2-La théophanie par la Miséricorde et la Grâce :
وأما تنزل الرحمة والفضل مثل ما قيل في الحجر : من أنها يمين الله في الأرض يريد من قبلها كأنما قبل يد الحق سبحانه وتعالى ، بمعنى أنه ينغمس في بحر الرحمة والفضل ، وكقوله : يَنْزِلُ رَبُّنَا كُلَّ لَيْلَةٍ إِلَى سَمَاءِ الدُّنْيَا.فهو من هذا القبيل تنزل الرحمة والفضل كما يقول في آخر الحديث: هَلْ مِنْ دَاعٍ يَدْعُونِي فَأَسْتَجِيبَ لَهُ ، هَلْ مِنْ مُسْتَغْفِرٍ يَسْتَغْفِرُنِي فَأَغْفِرَهُ، هَلْ مِنْ تَائِبٍ يَتُوبُ فَأَتُوبَ عَلَيْهِ هَلْ مِنْ سَائِلٍ يَسْأَلُنِي فَأُعْطِيَه ُ
S'agissant de la théophanie par la Miséricorde et la Grâce Divines, la pierre noire (al-hajarul aswad) de la Ka'ba de La Mecque, en offre un exemple. D'après la Tradition, cette météorite sacrée représente « la main droite d'Allah sur terre ». Il s'agit là d'une indication métaphorique par quoi il faut entendre : « celui qui embrasse la pierre noire est comme s'il embrassait la main d'Allah -Gloire à Sa transcendance -». Pour ainsi dire que juste par ce rituel simple, la personne se voit gratifiée (par un acte de bonté divine toute gratuite) d'une totale immersion dans les flots de la Miséricorde et de la Grâce Divines. Un autre exemple sous le même rapport est celui du hadith : « Notre Seigneur descend chaque nuit au ciel inférieur . ». L'allusion à la théophanie par la Miséricorde et la Grâce Divine apparait encore plus expressément dans la partie finale de ce hadith où le Seigneur dit: « ...Qui M'invoque, afin que Je lui réponde; qui implore Mon pardon, que Je le lui accorde ; qui se repentit, que Je lui accepte son repentir ; qui Me demande, afin que Je lui donne?» Nous nous permettons de souligner l'importance de cette parole du Prophète- Paix et Grâce unitive sur lui- : « La pierre noire représente la main droite d'Allah sur terre ». Ce hadith nous plonge d'emblée au cour du symbolisme figuratif, lequel joue un rôle directeur à l'égard de notre perception sensible et de notre pensée abstraite. Ce rôle fondamental du symbolisme tient d'abord au fait que le Transcendant, ne pouvant être atteint par les facultés qui procèdent de l'ordre sensible, a besoin de « s'incorporer » illusoirement dans des formes symboliques plus ou moins extérieures, afin d'apparaître dans le monde contingent. D'un autre côté, la nature humaine, qui n'est pas une nature purement intellectuelle, a davantage besoin de bases sensibles pour s'élever vers les sphères supérieures. C'est là véritablement l'importance des diverses formes symboliques, qui servent à la fois de lieux théophaniques pour la divinité, et de supports de méditation tout spécialement adapté aux exigences de la nature humaine. La tradition nous enseigne que la pierre noire (al-hajarul-aswad) , enchâssée dans un des angles de la Ka'ba, est une météorite sacrée provenant du Ciel qui est le réservoir par excellence de la transcendance. Bien qu'étant matériellement dans le domaine individuel, sa provenance céleste atteste qu'elle appartient à l'ordre transcendantal et, par là même, possède une nature essentiellement supra-individuelle. Ce qui nous autorise à affirmer qu'avant d'être matériellement perçue, cette météorite sacrée était déjà établis dans un espace divin intérieur, c'est-à-dire dans une virtualité correspondant à la manifestation informelle. Considérée en tant qu'elle est manifestée dans l'ordre corporel, la pierre noire représente donc un signe tangible de l'Alliance établie entre Dieu et l'humanité et constitue également un signe de la Miséricorde divine, en ce sens qu'elle projette celui qui l'embrasse au-delà du domaine individuel, c'est-à-dire hors de son propre moi humain, et le met en présence et en rapport direct avec le Soi divin, le Tout-Miséricordieux.
وكما في البيت الحرام حيث جعلها خاصة به معناه أنه نزل فيها برحمته وفضله لتكون له حمى من لاذ بحماه استوجب رضاه وعفوّه من الطّائفين به فإنّه كساها كسوة عظمته وجلاله فإنّ من رآها ذل لها وخضع لما كسيت به من العظمة والجلال وكساها كسوة رحمته وفضله بما ثبت في الخبر أَنَّهُ يُنَزِّلُ عَلَيْهَا فِي كُلِّ يَوْمٍ مِائَةً وَعِشْرُونَ رَحْمَةً مِنْهَا سِتُّونَ لِلطَّائِفِينَ وَأَرْبَعُونَ لِلْمُصَلِّينَ وَعِشْرُونَ لِلنَّاظِرِينَ
La théophanie par la Miséricorde correspond également à ce qui est dit du Temple sacré (la ka'ba) à savoir que Dieu en a fait Son siège particulier; c'est à dire qu'il y fait descendre sa miséricorde et ses faveurs afin que quiconque l'aperçoit ou l'approche ou tourne au tour de lui obtient l'agrément et le pardon divins. Dieu l'a enveloppé de Son manteau de magnificence et de majesté au point que quiconque le voit s'abaisse et s'humilie à son égard, à cause de la divine enveloppe qui l'entoure. Dieu l'a également enveloppé d'un voile de miséricorde et de faveur, tel qu'il ressort d'un récit traditionnel qui dit que " Dieu y fait descendre chaque jour cent-vingt (120) miséricordes dont les soixante (60) sont attribuées à ceux qui processionnent autour de lui, les quarante (40) à ceux qui font la Salât (l'office de la prière) devant lui et les vingt (20) à ceux qui le contemplent tout simplement (an-nâzirîn) " La Ka'ba située, selon Ibn 'Abbâs, au « nombril de la terre » est l'Axe du monde, l'image visible du Centre Spirituel Suprême. Elle est, en d'autres termes, la modalité spatiale selon laquelle l'Être divin manifeste Sa Miséricorde au niveau de Sa Réalité phénoménologique. Ce Temple primitif, désigné sous le terme coranique de « Maison de Dieu » (Bayt- Allâh) qui est un nom emblématique indiquant l'habitacle où le divin est censé résider ; n'est que la réplique exacte du Trône divin, c'est-à-dire la réflexion du Coeur Spirituel dans l'état individuel humain, réflexion qui ne saurait exister sans l'intermédiaire du « Regard Divin », symbole de l'Amour Créatif qui est Communication au sens plénier.
وكساها كسوة البطش والغضب لمن أراد بسوء فإمّا أن يجعل هلاكه في هذه الدّار وإمّا أن يدخر له من شدّة العذاب وأليم النّكال في الآخرة مما لا حدّ له ولا غاية وهذه تنزلاته فيها
C'est ainsi qu'Il l'a de même couvert d'un voile de châtiment et de courroux pour quiconque voudrait du mal à ce Temple sacré ; soit Il le voue rapidement à la malédiction ici-bas, soit Il lui réserve dans l'au-delà un terrible châtiment et un mauvais sort sans communes mesures. La Mecque est, suivant son appellation coranique, la Ville sécurisée (al-Balad-al-Amîn). Allah a donné aux habitants et aux visiteurs de cette cité le bienfait (fadl) de la sécurité et de la tranquillité. Il dit : « Et celui qui y entre est en sécurité. » Allah l'a protégé contre tout complot et a repoussé loin d'elle les antagonistes même s'ils se sont servis de l'animal le plus énorme. Il dit : « Ne vois-tu pas ce que ton Seigneur a fait des gens de l'éléphant ?» (Coran : 105/1)
وَأَوَّلُ مَا وَقَعَ عَلَيْهِ نَظْرُ اللهِ تَعَالَى فِي الْأَرْضِ، هِيَ بُقْعَة الْكَعْبَةِ وَمَوْضِع قَبْرِهِ صَلَى اللهُ عَلَيْ هِ وَسَلَّمَ قَب ْلَ بِسَاطِ الْأَرْضِ
« Les premiers lieux géographiques perçus par le regard de Dieu, antérieurement à l'extension de la Terre, furent l'enceinte de la Ka'ba et l'emplacement du sépulcre du Prophète (sas)...»
Le regard de Dieu n'a absolument rien de semblable au nôtre. Il se rapporte plutôt à l'acte existenciateur par lequel Dieu fit sortir l'Univers du néant à l'existence. Avant d'être « perçu par le regard de Dieu », ou plus exactement, avant que ne brille sur Lui la Lumière illuminatrice, l'Univers (compris dans le sens de l'intégralité du monde manifesté) était absolument obscur, c'est-à-dire radicalement inexistant. C'est seulement au moyen du « regard divin » que l'Obscurité absolue (l'Univers) fut perçue par la Lumière absolue (l'Être divin) et qu'elle eut reçue, par là même, l'illumination (l'existenciation). Tel est le sens de cette parole de l'auteur des Hikam :
اَلْكَوْنُ كلُّهُ ظُلْمةٌ وإِنَّما أَنَارَهُ ظُهُورُ الْحَقِّ فِيهِ
« L'Univers n'est que ténèbres, seule l'éclaire la manifestation de Dieu en lui ».
Si l'on comprend le terme « regard de Dieu » dans le sens de « manifestation théophanique », l'expression « les premiers lieux géographiques perçus par le regard de Dieu » désignera donc à la fois « les premières contrées manifestées par Dieu » et « les contrées où Dieu s'est primordialement manifesté ». Il en résulte que Dieu, ayant existencié l'Univers, fut également manifesté par ce dernier. En d'autres termes, la Lumière, ayant brillé sur l'Obscurité, rendit possible la perception de l'Univers par l'Être divin, et aussi la perception de Celui-ci par l'Univers. Ce qui revient à dire que Dieu Se manifeste par la Créature, et la Créature existe par Lui. Mieux, Dieu est la seule « Réalité existante », la Créature n'étant que sa manifestation apparente. Le Cheikh- al-Akbar a dit à ce propos: « N'eût été Lui, n'eût été nous, Ce qui est ne serait pas. » Autrement dit :
خَلْقٌ بِلاَ حَقٍّ لاَ يُوجَدْ * حَقٌّ بِلاَ خَلْقٍ لاَ يَظْهَرْ
« Sans Dieu, la créature ne serait pas existenciée et sans la créature, Dieu ne serait pas manifesté » Il est donc compréhensible sous ce rapport que l'Enceinte sacrée de la Ka'ba et le « Saint Sépulcre » du Prophète sont les premières contrées manifestées par Dieu. Ce sont les espaces sacrés primordiaux à partir desquels fut étendue la totalité de la Terre. Allâh énonce ceci dans le Saint Coran : « Certes, le premier Temple (la première Maison) édifié pour les hommes est celui de Bakka (la Mecque), temple béni, servant de bonne direction aux Univers ». (Sourate 3 verset 96). D'après un récit traditionnel rapporté par 'Abd Allâh Ibn 'Amr, « Dieu a créé la « Demeure » deux mille ans avant la Terre ; elle n'était qu'une « écume blanche » alors que Son Trône était sur l'«eau» et la Terre fut étendue à partir d'elle ». Selon Mûdjahid (ra): « La première chose que Dieu créa fut la Ka'ba puis Il étendit la Terre à partir d'elle ». Considérés donc métaphysiquement, le sanctuaire de la Ka'ba de la Mecque ainsi que le sépulcre du Prophète (sas), sis à Médine, figurent des Demeures Spirituelles abritant des réalités d'ordre transcendantal. Ces lieux sacrés, envisagés à partir de l'ordre principiel, représentent des principes métaphysiques, éternels et immuables, qui ne relèvent aucunement de l'ordre créaturiel et donc échappent à toute localisation spatiale. Certes s'agissent-ils, envisagés au point de vue plus spécial du monde corporel, de sites géographiques objectivement repérables, établis dans des localités terrestres bien déterminés, mais ils figurent, métaphysiquement, des points situés hors du temps et de l'espace et partant hors d'atteinte de toutes les facultés relevant du domaine phénoménal. Par miséricorde et par faveur divines, les réalités d'ordre spirituel représentées dans le monde contingent par ces deux lieux saints que sont le Temple sacré et la Mosquée du Prophète, se sont ensuite transmuées en monuments et édifices palpables, révélés dans une spatio-temporalité sensible afin d'être à la portée de la perception humaine ; car, d'évidence, toute réalité relevant de l'ordre supérieur se matérialise effectivement en descendant vers les sphères inférieures. En d'autres termes, le Temple de la Ka'ba et le mausolée du Prophète, qui se trouvent objectivement et respectivement sur le territoire sacré de La Mecque et dans la Ville sainte de Médine, ne représentent que les substituts terrestres sinon les répliques exactes des sanctuaires célestes et surtout du Trône divin, unique dans son essence et double dans sa manifestation. Le Trône est le Siège royal très saint qui « contient l'ensemble de la création des cieux et de la Terre » (Coran 2 : 255). Sa manifestation terrestre n'est simplement qu'un signe de la Miséricorde divine, et par là même, résulte de la volonté de Dieu d'entrer en communication avec Sa création qui n'est que Sa détermination de Lui-même.
وَالنَّظْرُ هَاهُنَا عَيْنُ الْإِضَافَةِ لاَ عَيْن الصِّفَةِ، فَإِنَّ عَيْنَ الصِّفَةِ لاَ أَوَلِيَّةَ لَهَا عَلَى شَيْءٍ، فَإِنَّهُ يَنْظُرُهَا فِي الْأَزَلِ قَبْلَ وُجُودِهَا، كَصُورَةِ نَظْرِهِ إِلَيْهَا بَعْدَ وُجُودِهَا لاَ يَخْتَلِفُ عَلَيْهِ الْحَالُ، وَهَذَا خِلاَفُ مَا عَلَيْهِ الْجُمْهُورُ مِنَ الْمُتَكَلِّمِين
« Le « regard divin » dont il est question ici désigne plutôt un rapport de connexion entre Dieu et Sa création, un rapport de réceptivité pure, plutôt relationnel et non un attribut divin principiel, lequel, immuable en sa nature, n'admet nul aspect préférentiel portant à prioriser telle chose sur telle autre. En fait, il n'y a point de différence de degré entre la manière dont Allah eut contemplé les contrées de la terre dans l'Eternité (Azal) et la manière dont Il les a contemplés après leur existenciation. Le degré de Sa divine Contemplation demeure le même dans les deux cas [4]. Cependant, la majorité des théologiens soutiennent un avis inverse. » Si l'on considère la Vue du Divin Contemplant comme l'Ouverture de Son « Oeil principiel » au moyen duquel s'opère la Miséricordieuse Contemplation par laquelle l'Univers contingent (Obscurité absolue), est perçu par Dieu (Lumière absolue), le Regard divin apparaîtra comme le rayon lumineux directement émané de cette « Divine Vue» puis projetée au « Coeur » de l'Univers Contemplé. Ce Coeur assure la captation de l'influx divin qu'Il irradie dans toutes les directions de l'espace. Ainsi le Regard divin illumine-t-il dans son intégralité l'espace universel en le reliant horizontalement à toutes ses contrées (célestes comme terrestres) et par delà celles-ci, c'est-à-dire verticalement, à la Source elle-même de la Divine Lumière. Ce « Regard divin » correspond, d'après les termes de la Jawharatul-Kamâl, à « la lumière brillante par laquelle Dieu emplie Son Être qui embrasse la totalité des lieux ». Il correspond également à l'« Ouverture de ce qui a été clos », une manière symbolique de qualifier le Prophète qui, nous dit Cheikh-al-Islâm Ibrahim Niass (ra), « est le miroir de l'Essence (mir'âtuz-zâti), mais également la « forme révélante » qui rend manifeste les Qualités divines (mazharuç-çifâti) »وأما نظر الله تعالى إلى العالم بعين الإضافة فهو نظره إليه بعين الرّحمة والتعظيم والإجلال والمحبة. وكانت الأشياء في هذه النّظر مختلفة والقسم فيها متباينة
« S'agissant du regard de Dieu dirigé vers le monde, qui désigne un rapport de connectivité pure, elle consiste en Sa divine contemplation qui est Source de Miséricorde, de Magnificence, d'Exaltation et d'Amour pour Sa Création. A travers ce regard divin, les choses apparaissent sous des formes diversifiées, distinctives et multiples. »
وقد روي عن محمد بن علي بن أبي طالب رضي الله عنه أنه قال: إن لله في خلقه في كلّ يوم ثلاثمائة وستّين نظرة، فهذه النّظرات كلّها بعين الإضافة، والمراد المنح الّتي يمنحها...كما أنّ الإنسان الكامل هو محل نظر الله تعالى من العالم في وقته، كما أنّه صَلَى اللهُ عَلَيْه ِ وَسَلَّمَ م حل نظر الله تعالى من جميع الوجود ، من الأزل إلى الأبد
D'après Muhammad Ibn 'Alî Ibn Abî-Tâlib (ra) : « Allah accorde chaque jour à Ses créatures trois cent soixante contemplations (360) ; toutes ces contemplations revêtent l'aspect référentiel, c'est-à-dire les dons divins. ; autant l'Elu parfait de son époque, est par rapport au monde l'objet de la vision par Allah, autant le Prophète (sas) l'est par rapport à tous les univers, depuis la Prééternité jusqu'à l'infini. »3-La théophanie par le courroux (la colère) et le châtiment
وأما تنزله بالغضب والبطش والعياذ بالله مثل قوله تعالى : ...وَظَنُّواْ أَنَّهُمْ مَانِعَتُهُمْ حُصُونُهُمْ مِنَ اللهِ فَأتَاهُمُ اللهُ مِنْ حَيْثُ لَمْ يَحْتَسِبُوا... (الحشر 2) ومعلوم أنه ما سلط عليهم إلا النبي وأصحابه
Concernant Sa Manifestation par la colère et la rigueur, qu'Allah nous en garde, elle est citée dans le verset : « Et ils pensaient qu'en vérité leurs forteresses les défendraient contre Allah. Mais Allah est venu à eux par où ils ne s'attendaient point... » (sourate al-hashr v.2) ; on sait bien qu'en l'occurrence, Allah n'a déployé contre eux que le Prophète et ses compagnons.
4-La théophanie par l'association
وأما تنزل الاشتراك مثل قوله سبحانه وتعالى "وَجَاء رَبُّكَ وَالْمَلَكُ صَفّاً صَفّاً " الفجر 22 فإنه في ذلك المقام يظهر فضله ورحمته على طائفة ، ويظهر بطشه وغضبه على طائفة في مقام واحد وآن واحد وكقوله في التوراة : "...جَاءَ اللهُ مِنْ طُورِ سِينَاءَ وَأَشْرَقَ مِنْ سَاغِينْ وَاسْتَعْلَنَ مِنْ بَارَانْ ..."
طور سيناء هو محل نزول التوراة ، سَاغِينْ هو محل نزول الإنجيل ، وباران هي جبال مكة محل نزول القرآن ، وعبر عن ذلك بمجيء الحق سبحانه وتعالى وظهوره ، فإنه من تنزل الاشتراك ، لأن كل شرع من هذه الشرائع الثلاث مشتمل على تنزل الرحمة والفضل على طوائف ، وتنزل الغضب والبطش على طوائف ؛ ومن تنزل الاشتراك قوله في الحديث القدسي : مَا و َ سَعَنِي أَرْضِي وَلاَ سَمَائِي وَوَسَعَنِي قَلْبُ عَبْدِي الْمُؤْمِنِ ، فإنه تنزل فيه بالتجلي بجميع صفاته وأسمائه جلالا وجمالا واشتراكا ...وهذا خاص بالآدمي وهو العارف بالله تعالى فقط
À la théophanie par l'association, font allusion les paroles divines telles que : « Et ton Seigneur viendra [ainsi que les anges en rangs successifs] » (sourate AlFajr 89: 22) ; en effet dans le même état, la Grâce et la Clémence d'Allah apparaissent au profit de certains, et sa Colère et Sa Rigueur à l'encontre d'autres, en même temps et en même lieu ... ; De cette descente participative procède également cette expression de la Thora de Moïse : « L'Éternel est venu de Sinaï, il s'est levé pour eux de Séir, il a resplendi de la montagne de Paran ... » [Deutéronome 33:2] . Le Mont Sinaï : c'est le lieu de descente de la Thora (de Moïse) dans lequel figurait des décrets divins et la Loi religieuse (sharî'a). (C'est là où Moïse, paix sur lui, reçut les tables de la Loi, et qu'il entendit Dieu.) . Sâghin ou Séir : c'est le lieu de descente de l'Evangile (de Jésus) avec tout ce qu'elle comporte comme décrets et lois divins. (Séir est donc situé dans la région où Jésus, paix sur lui, apporta l'Évangile : la Palestine.) . Bârân ou Paran : c'est le plateau montagneux de la Mecque ; c'est le lieu de révélation du Coran avec tout ce qu'Allah y a fait apparaître comme décrets divins et lois exotériques (sharî'a). Il utilise pour tout ceci les expressions " est venu " ; " s'est levé " : c'est la descente par participation. Parce que chacune de ces trois lois extérieures (sharî'a) est en rapport avec la descente de la miséricorde et de la faveur sur un contingent d'une part et d'autre part et concomitamment, une descente du châtiment et de la malédiction sur un autre groupe de gens. Ces révélations exprimées par la venue et l'apparition d'Allah l'Exalté, sont un aspect de Sa manifestation multiple, du fait que chacune de ces trois charias (prescriptions divines) cite pour certains la manifestation de Sa Clémence et Sa Grâce, et pour d'autres celle de Sa Colère et de Sa Rigueur ; Toujours dans l'illustration de ce type de descente (participative), il y a l'allusion faite par cette parole divine dans un hadith Qudsî : « Ma terre et Mes cieux n'ont pu Me contenir, et le cour de Mon serviteur croyant l'a pu ». Car Il (Loué Soit-Il) ) s'y est manifesté (dans le cour) avec toutes Ses Qualités (as-sifât) et tous Ses Noms (al-asmâ) en Majesté (jalâl) et en Beauté (jamâl) et de manière participative ; tout ceci de par Sa faveur immense, Sa miséricorde et Sa générosité en Son serviteur. Et ceci est spécifique à l'être humain mais exclusivement le connaissant en Allah : al-'ârifubil-lâhi. Et Allah ne s'est manifesté en chaque atome de l'univers que de par un seul Nom ; jamais par deux pour le même être créaturiel autre que l'homme. Et c'est cela la signification de sa parole dans cette parole inspirée (hadith qudsî).
CHAPITRE DEUXIEME
LE PROCESSUS THEOPHANIQUE DE L'ESSENCE
وَأَمَا تَنَزُّلُ الْحَقُ سُبْحَانَهُ وَتَعَالَى فَلَهُ تَنَزُّلاَنِ : اَلتّنَزُّلُ الْأُوَّلُ تَنَزُّلُ الْوُجُودِ ،وَالثَّانِي تَنَزُّلُ الْإِمْدَادِ.فَأَمَّا التَّنَزُّلُ الْأَوَّلُ فَهُوَ تَنَزُّلُهُ مِنْ مَظْهَرِ الْأَحَدِيَّةِ إِلَى مَظْهَرِ صُورَةِ الْأُلُوهِيَّةِ فَإِنَّهُ يُقَالُ فِي الْخَبَرِ الْقُدْسِيِّ عَنْهُ: كُنْتُ كَنْزاً لَمْ أُعْرَفُ فَأَحْبَبْتُ أَنْ أُعْرَفَ فَخَلَقْتُ خَلْقاً فَتَعَرَّفْتُ إِلَيْهِمْ فَبِي عَرَفُونِي
Considère que la descente de l'Absolue Réalité (tanazzul-al-Haqq), possède deux (02) modes : . la descente principielle ou existentielle (At-tannazzul-al-wujûd), réalisation existentielle ; . la descente par extension formelle ou pourvoyante (At-tanazzul- al-imdâd). La première descente est celle au moyen de laquelle Dieu passe de la présence de L'Unité (al-Ahadiyya Unitude - la non-dualité) à la présence de la Déité (alUlûhiyya), telle qu'il ressort du célèbre hadith Qudsî : « Je fus un trésor inconnu ! Je voulus être connu, alors Je créai une créature, puis Me leur suis fait connaître Moi-même ; ainsi c'est par Moi qu'ils M'ont connu ».
Caractéristiques de l'Essence avant la manifestation théophanique .
فَوُجُودُهُ الْأَوَّلُ سُبْحَانَهُ وَتَعَالَى الَّذِي هُوَ الذَّاتُ السَّاذِجُ لاَ مَظْهَرَ فِيهِ لِلْغَيْرِ وَلاَ لِلْغَيْرِيَّةِ لِشِدَّةِ الْغَيْرةِ مِنْهُ سُبْحَانَهُ وَتَعَالَى وسطوة العزة وصولة الجلال.فإنه في ذالك المظهر له العلو الكامل وله الكبرياء والعظمة التامان وله العز الشامل الذي لا يدرك أمره ولا تعرف حقيقته ومن سعى من خلقه في أن يعرف ربه في هذه المرتبة ضاع سعيه وخسر عمره. وليس له منها إلا الخيبة والحرمان. فإن هذه المرتبة هي مرتبة كنه الحق الذي لا يعلمها غيره. وهذه المرتبة التي هي كنه الحق تسمى حضرة الطمس والعما الذاتي والبطون الأكبر الذي لا مطمع لأحد في درك حقيقته. وكلّ ما فيها من الصفات العظام من العلو والكبرياء والعظمة والجلال والكرم والمجد وأشباهها من الصفة الجامعة، فإنّ هذه الصفات كلها صفة الذات الساذج الذي حرم على العقول والأفكار شم أقل قليل منها فضلا عن ذوقها. وفي هذه المرتبة يقال: لاَ يَعْلَمُ كَيْفَ هُوَ إِلاَّ هُوَ. وكل صفة من الصفات المذكورة للذات الساذج من فوق ما يعلم ويدرك ويفهم. ولو برز للوجود منها أقلّ من مثقال هبأه لاحترق الوجود كله وصار محض العدم. فلا يطيق مخلوق العلم به في هذه المرتبة
« L'état originel et permanent de la Divinité indifférenciée, celui de l'Essence dans Sa transcendante nudité (az-dhâtus-sâdhij), n'est susceptible d'aucune manifestation ad extra à l'égard d'un autre qu'Elle-même, en raison de Sa singularité totale, rigoureusement exclusive de toute pluralité, mais aussi en raison de Sa puissance illimitée et de Sa grandeur transcendante. Il possède sous ce rapport, la haute Exaltation, l'infinie Grandeur (al-kibriyâ), l'absolue Suprématie (al-'azama), la Toute-Puissance (al-'izz) et est, par là-même, incognocible. Tout effort visant à connaître Dieu dans cette présence n'aboutit qu'à l'échec. Quiconque s'efforce à accéder à une pareille connaissance ne fait que gaspiller son temps et peine inutilement. De ce point de vue, l'Essence, par l'éminence de sa nature, n'est susceptible d'aucune particularisation si ce n'est de total dénuement et d'absolu dépouillement de tout. Ce plan ontologique est celui de « l'occultation absolue de Dieu » (kunhul-Haqq), qui est un degré situé hors de portée de la connaissance de quiconque n'est pas Lui. Il correspond à l'enceinte scellée, c'est-à-dire l'état de l'Essence inconnaissable, état qu'on désigne par des substantifs très abscons tels que « l'Instance de l'effacement » (Hadratut-tams), « la Nuée obscure » (Al-'amâ az-zâtî), « l'Intériorité sublime » (Al-butûnul-akbar) dont personne ne peut parvenir à pénétrer la mystérieuse réalité. L'ensemble des attributs sublimes inhérents à cet état, tels la Sur-Elévation, l'infinie Grandeur, l'absolue Sublimité, la Sur-Eminence, la parfaite Magnificence, la souveraine Gloire, sont tous prédicables de l'Essence pure, à l'égard (ou au sujet) de laquelle n'est possible aucune saisie quelconque si moindre soit elle, à fortiori une quelconque connaissance de nature intuitive (dhawq), et ceci par le fait que la nature intrinsèque de l'Essence excède toute réflexion, tout entendement et reste au delà de toute approche discursive. C'est à ce niveau qu'il est dit : « Nul ne connaît Sa nature propre excepté Lui-même ». En effet, ces paroles signifient que l'Être divin est établi dans un degré qui se trouve hors de portée du connaissable, du saisissable et de l'appréhensible. Et s'il arrivait à Dieu « Allah » de révéler le plus infime atome des réalités de ce plan en notre Univers, celui-ci brûlerait et deviendrait inéluctablement un pur néant existentiel ; car aucune créature n'est à même de supporter la connaissance liée à ce degré [5].
[1] - Le terme de Non-Être ne doit pas être pris dans un sens privatif, comme l'indice d'un manque ou d'une absence, mais au contraire comme signifiant l'au-delà de l'Être. [2] - C¶est ce qui est fait allusion dans la Parole sainte : « Les regards ne peuvent l'atteindre, cependant qu'Il saisit tous les regards. Et Il est le Doux, le Parfaitement Connaisseur. » (6, 103) [3] - « kullu mâ siwâ Hu » (tout autre que Dieu) signifie toute existence éphémère, limitée et possible [4] - Ce n'est pas une différence de degré, mais plutôt une différence de nature ou de position qui distingue un emplacement des autres
[5] - Le Prophète (sas) dit : « Allah a soixante-dix - ou soixante-dix mille - voiles de lumière et de ténèbres. S'IL les relevait, les Gloires brûlantes de Sa face consumeraient les créatures que Son regard atteindrait.»
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