(Cheikh Muhyî-d-Dîn Ibn Arabî, Kitâb al-wasâyâ, traduit de l’arabe par Mohamed al-Fateh : Paroles en Or, édition Iqra).
Lorsqu’en un lieu tu désobéis à Dieu, ne le quitte pas avant d’y avoir accompli une oeuvre pie et d’avoir rendu un culte à Dieu. Car, de même que cet endroit témoignera contre toi lorsqu’on exigera son témoignage, de même il témoignera en ta faveur, et ainsi seras-tu délivré [de ta désobéissance]. Il en va de même de ton habit, si tu désobéis à Dieu en le mettant, agis comme je te l’ai indiqué et adore Dieu en le portant. Il en va de même lors de la coupe des moustaches, du rasage des poils du pubis, de la coupe des ongles, du coiffage ou du nettoyage des saletés. Rien ne doit quitter ton corps sans que tu sois en état de pureté et sans omettre de mentionner Dieu – qu’Il soit exalté et magnifié -. Car ces cheveux, ces poils et ces ongles seront interrogés sur les circonstances dans lesquelles ils t’ont quitté. Le minimum d’adoration en tout ceci, c’est donc d’invoquer Dieu pour qu’Il t’accorde le repentir afin que tu observes les règles de convenance et que tu te conformes au commandement de Dieu lorsqu’Il dit : « Invoquez-Moi et Je vous exaucerai ». Il t’ordonne de L’invoquer puis Il ajoute dans le même verset : « Ceux qui, par orgueil, refusent de M’adorer… ».
L’adoration
signifie ici l’invocation, c'est-à-dire qu’ils refusent, par
orgueil, l’humilité et la soumission.
Or l’adoration est une forme d’humilité, de soumission et
d’abaissement, « …entreront
bientôt, humiliés, dans la Géhenne »
(Coran 40/60). Voilà pourquoi, lorsque les
croyants observent ce qu’on leur a ordonné de faire, Dieu les
rétribue en les faisant entrer
au Paradis la tête haute. Ceci me rappelle, d’ailleurs, l’épisode
suivant :
Un
matin que j’entrais au hammam pour me purifier à la suite de la
rupture de mon état de pureté,
j’y rencontrais l’un de mes compagnons nommé Najmuddi Abul
Ma’ali Ibn Lahib qui demandait
le barbier pour couper ses cheveux. Comme je l’interpellais, il me
répondit avant même
que je puisse terminer ma phrase : « Je suis en état de pureté et
je te comprends ! ».
Je
fus stupéfait de sa présence d’esprit, de sa rapide compréhension
de son respect des convenances
en la situation, et de ce qu’il savait à mon égard à ce sujet.
Je lui ai dit alors :
« Que
Dieu te bénisse ! Par Dieu ! Je ne t’ai interpellé que pour que
tu sois en état de pureté et
que tu observes le dhikr
au moment de te
débarrasser de tes cheveux ! ». Il fit alors des invocations
en ma faveur puis coupa ses cheveux.
Or
ce genre de choses est négligé pour la plupart des gens qui vont
jusqu’à dire : « Lorsque tu
désobéis à Dieu en un lieu, éloigne-t’en ». C’est parce
qu’ils craignent que cet endroit ne te
rappelle la désobéissance. Ainsi, tu l’apprécies et tu t’en
délectes, ce qui t’amène à multiplier
les péchés. Ces gens font cela par crainte pour toi, mais ils ont
cependant oublié un
aspect important de la connaissance. Aussi, obéis à Dieu en ce lieu
et alors seulement tu pourras
t’en éloigner. Car tu rapproches alors ce qu’ils disent et ce
que je te recommande. Et chaque
fois que tu te souviens d’un péché commis, repens-toi, demande
pardon à Dieu et à cette
occasion, mentionne Dieu selon la gravité du péché, car l’envoyé
de Dieu
disait :
« Fais
suivre la mauvaise action par une bonne action qui l’efface ».
De même Dieu – qu’Il
soit exalté – nous dit : « Les
bonnes actions dissipent les mauvaises »
(Coran, 11/114). Mais
tu dois posséder une balance avec laquelle tu apprécies la parité
entre les bonnes
et les mauvaises actions.
(Cheikh Muhyî-d-Dîn Ibn Arabî, Kitâb al-wasâyâ, traduit de l’arabe par
Mohamed al-Fateh : Paroles en Or, édition Iqra).
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