Place Ivan Aguéli à Sala, Suède
Le petit traité que nous voulons traduire est un
des plus intéressants qui existent sur la question. Le texte arabe n’a jamais
été imprimé nulle part, autant que je le sache. Les manuscrits abondent, mais
ils sont rarement exacts et présentent beaucoup de variations du texte
primitif. Celui-ci est donc à restituer, mais ce travail n’offre pas de grandes
difficultés en la circonstance. La pensée dominante est très claire, de sorte
que les différentes rédactions et les nombreuses fautes des copistes ne constituent
aucun obstacle à l’intelligence parfaite du texte. Les seuls points
contestables sont le titre de l’ouvrage et le nom de l’auteur.
L’ouvrage est souvent désigné par : « L’épître de
la connaissance du Seigneur par la connaissance de soi-même ». C’est aussi le
sujet de la dissertation. Autres titres : « Le traité de la connaissance de
soi-même » (La clef de la connaissance (d’Allah) - Kitâbul-Alif - «
Kitâbul-Ajwibah » - « Le traité de Balabâni » (d’après le nom d’un auteur
présumé). Le titre le plus fréquemment employé par les écrivains aussi bien que
par les Derwishes est : « Risâlatul-Ahadiyah », ou l’épitre de l’Unité. C’est
celui-ci que nous avons adopté.
La question de l’auteur ne laisse pas d’être
discutable. Nous pouvons affirmer qu’il s’appelle toujours Mohammad Abd-Allah,
mais cela ne nous avance pas beaucoup. Les manuscrits qui précisent davantage
le nom de l’auteur se divisent en deux catégories : les uns disent que l’auteur
est Mohammad Abu Abd-Allah ibn Ali Mohyiddin ibn Arabi el-Hâtimi et-Tâ'i
el-Andalûsi, surnommé le plus grand des Sheikhs (m. 638 H.). Je suis persuadé
que notre grand Maître est, en effet, l’auteur de cet admirable traité. Le
style l’indique d’une façon assez suffisante. D’autres manuscrits l’attribuent
à un Mohammad ou à un Abd-Allah Balabâni, Bilbâni ou même Balayâni. Quel est ce
Sheikh ? Il y a un Awhadud-Din Abd-Allah el-Balayâni (m. 686 H.). Il se
pourrait aussi que Balabâni soit un surnom kurdo-persan, de Bala = haut, et Bân
= voix. Les savants kurdes ont toujours eu, plus que les autres, une grande
vénération pour Mohyiddin. Balabâni serait donc une paraphrase kurde de
Es-Sheikhul-Akbar = le plus grand des Sheikhs ou Maîtres spirituels. Allah
connaît le mieux la vérité là-dessus.
J'ai entendu dire que quelques manuscrits
attribuent la paternité de ce traité à un des Soyûtis. Il me parait
invraisemblable qu’un pareil ouvrage ait pu sortir d’aucun de ces deux savants,
car il n’est pas un produit d’érudition, mais de maîtrise ésotérique. La
question du véritable auteur reste pourtant ouverte jusqu’à nouvel ordre. Je
suis intimement persuadé que l’auteur en est Mohyiddin ibn Arabi, mais je ne
puis à l’heure actuelle, réfuter scientifiquement une opinion contraire.
J’ai à ma disposition une dizaine de manuscrits,
dont aucun n’est correct, même à peu près. Ma traduction était aux trois quarts
terminée lorsque appris que l’ouvrage à déjà été traduit en anglais, je ne sais
où quand et par qui. Dans tous les cas, il n’en existe aucune traduction
française. Nous ferons suivre la nôtre de la rédaction définitive du texte
quand l’imprimerie arabe de cette revue sera bien installée.
LE TRAITE DE L'UNITE
(Risâlatul-Ahadiyah) par le plus grand des Maîtres
spirituels
Mohyiddin Ibn Arabi
Au nom d’Allah, le Clément, le Miséricordieux
Nous implorons Son secours.
Gloire à Allah, avant l’Unité (1) duquel il n’y a
pas d'antérieur, si ce n’est Lui qui est ce Premier (2) ; après la Singularité
(3) duquel il n'y a aucun après, si ce n’est Lui qui est ce Suivant (4). A
propos de Lui (5) il n’y a ni avant, ni après, ni haut, ni bas, ni près, ni
loin, ni comment, ni quoi, ni où, ni état, ni succession d’instant, ni temps,
ni espace, ni être (6) : « Il est tel qu’Il était. » - « Il est l’Unique, le
Dompteur » (7) sans (les conditions ordinaires de) l’Unité (8). Il est le
Singulier (9) sans singularité (10). Il n’est pas composé de nom et de nommé,
car le nom est Lui et le nommé est encore Lui (11). Il n’y a pas de nom sauf
Lui. Il n'y a pas de nommé en dehors de Lui. C’est pourquoi il est dit qu'Il
est le nom et le nommé (12). Il est le Premier sans antériorité. Il est le
Dernier sans les conditions ordinaires de la finalité, c’est-à-dire sans
finalité absolue. Il est l’Évident sans extériorité. Il est l’Occulte sans
intériorité. Je veux dire qu’Il est l’existence des « Glyphes » (13) de
l'externe comme Il est l’existence de ceux de l’interne. Il n'y a ni externe ni
interne hormis Lui, et cela sans que ces Glyphes se changent pour devenir Lui,
ou que Lui, Il se change pour devenir ces Glyphes. Il importe de bien
comprendre cet arcane, de peur de tomber dans l’erreur de ceux qui croient aux
incarnations de la Divinité. Il ne se
trouve pas dans quelque chose et aucune chose ne se trouve dans Lui par une
entrée ou une sortie quelconque (14). Il faut le connaître de cette façon, non
par la science, l’intelligence, l’imagination, la sagacité, les sens, la vision
extérieure, la vision intérieure, la compréhension ou le raisonnement. Personne
ne peut Le voir, sauf Lui (-même). Personne ne Le saisit, sauf Lui (-même).
Personne ne Le connaît, sauf Lui (-même). Il Se voit par Lui (-même) (15). Il
Se connaît par Lui (-même). Autre-que-Lui ne peut Le voir. Autre-que-Lui ne
peut Le saisir. Son impénétrable voile est Sa propre Unicité. Autre-que-Lui ne
Le dissimule pas. Son voile est Son existence même. Il est voilé par Son
Unicité d’une façon inexplicable. Autre-que-Lui ne Le voit pas : aucun prophète
envoyé, aucun saint parfait ou ange approché (16). Son prophète est Lui
(-même). Son messager (apôtre) (17) est Lui. Sa missive (apostolat) est Lui. Sa
Parole est Lui. Il a mandé Son ipséité par Lui-même de Lui-même vers Lui-même,
sans aucun intermédiaire ou causalité (extérieure) que Lui-même ! Il n’y a
aucune disparité (de temps, d’espace ou de nature) entre Celui qui envoie,
entre le Message, et le Destinataire de cette missive. Son existence est celle
des Lettres de la prophétie, pas d’autre. Autre-que-Lui n’a pas d’existence (ou
de nominalité), et ne peut donc s'anéantir (n'ayant jamais existé). C’est
pourquoi le Prophète a dit « Celui qui connaît son âme (c’est-à-dire soi-même)
connaît son Seigneur » Il dit encore « J’ai connu mon Seigneur par mon
Seigneur. » Le Prophète d’Allah a voulu faire comprendre par ces mots que tu
n’es pas toi, mais Lui ; Lui et non toi ; qu’Il n'entre pas dans toi et tu
n’entres pas dans Lui ; qu'Il ne sort pas de toi et tu ne sors pas de Lui. Je
ne veux pas dire que tu es ou que tu possèdes telle ou telle qualité. Je veux
dire que tu n’existes absolument pas, et que tu n’existeras jamais ni par
toi-même ni par Lui, dans Lui ou avec Lui. Tu ne peux cesser d’être, car tu
n’es pas. Tu es Lui et Lui est toi, sans aucune dépendance ou causalité. Si tu
reconnais à ton existence cette qualité (c’est-à-dire le néant) alors tu
connais Allah, autrement non.
La plupart des initiés disent que la Gnose, ou la
Connaissance d'Allah vient à la suite du Fanâ el-wujûdi et du Fanâ el-fanâ'i,
c’est-à-dire par l’effet de l’extinction de l’existence et de l’extinction de
cette extinction. Or, cette opinion est tout à fait fausse. Il y a là une
erreur manifeste. La Gnose n’exige pas l’extinction de l’existence (du moi) ou
l’extinction de cette extinction ; car les choses n’ont aucune existence, et ce
qui n’existe pas ne peut cesser d’exister. Dire qu’une chose a cessé d’exister,
qu’elle n’existe plus, équivaut à affirmer qu’elle a existé, qu’elle a joui de
l'existence. Donc, si tu connais ton âme, c’est-à-dire toi-même, si tu peux
concevoir que tu n’existes pas et, partant, que tu ne t’éteins pas, alors tu
connais Allah, autrement non. Attribuer la Gnose au Fanâ et au Fanâ el-fanâ'i est un crédo idolâtre.
Car, si tu attribues la Gnose au Fanâ et au Fana el-fanâ'i, tu prétends
qu’autre-qu’Allah puisse jouir de l’existence. C’est Le nier, et tu es
formellement coupable d’idolâtrie. Le Prophète a dit : « Celui qui connaît son
âme (18) (c’est-à-dire lui-même) connaît son Seigneur. » Il n’a pas dit : «
Celui qui éteint son âme (19) connaît son Seigneur. » Si l’on affirme
l’existence d’un autre, on ne peut plus parler de son extinction, car on ne
doit parler de l’extinction de ce qu’on ne doit affirmer. Ton existence est
néant, et néant ne peut s’ajouter à une chose, temporaire ou non. Le Prophète a
dit : « Tu n’existes pas maintenant, comme tu n’existais pas avant la création
du monde. » Le mot « maintenant » (est pris ici dans son sens de présent
absolu,) signifie l’éternité sans commencement, aussi bien que l’éternité sans
fin. Or, Allah est l’existence de l’éternité sans commencement, et de
l’éternité sans fin, ainsi que la préexistence. Ces trois aspects de l'éternité
sont Lui. (Allah est l’existence de ces trois aspects de l’éternité, sans qu’Il
cesse d’être l’Absolu.) S’il n’en était pas ainsi, Sa Solitude ne serait pas ;
Il ne serait pas sans partenaire. Or, il est d’obligation (rationnelle,
dogmatique et théologique) qu’Il soit seul et sans compagnon aucun.
Son partenaire serait celui qui existerait par
lui-même, non par l’existence d’Allah. Un tel n’aurait pas besoin d’Allah, et
serait, par conséquent, un second Seigneur Dieu, ce qui est impossible. Allah
n’a pas de partenaire, de semblable ou d’équivalent. Celui qui voit une chose
avec Allah, d’Allah ou dans Allah, même en la faisant relever d’Allah par la
Seigneurie (20) rend cette chose partenaire d’Allah, relevant de Lui par la
Seigneurie. Quiconque prétend qu’une chose puisse exister avec Allah (peu
importe que cette chose existe par elle-même ou bien par Lui), qu’elle
s’éteigne de Son existence ou de l’extinction de son existence, un tel homme,
dis-je, est loin d’avoir la moindre perception de la connaissance de son âme et
de soi-même (21). Car celui qui prétend qu’autre-que-Lui puisse exister (peu
importe que ce soit par lui-même ou bien par Lui ou dans Lui), puis disparaisse
et s’éteigne, puis s’éteigne dans son extinction, etc., etc., un tel homme
tourne en un cercle vicieux par l’extinction sur l’extinction indéfiniment.
Tout cela est idolâtrie sur idolâtrie et n’a rien à faire avec la Gnose. Un tel
homme est idolâtre, et il ne connaît rien ni d’Allah ni de lui-même ou de son
âme.
Si l’on demande par quel moyen on arrive à
connaître son « âme » (c’est-à-dire le « proprium » ; soi-même) et à connaître
Allah, la réponse est : La voie vers ces deux connaissances est indiquée par
ces paroles : « Allah était et le néant avec Lui (22). Il est maintenant tel
qu’Il était. » Si quelqu’un dit : « Je vois mon âme (mon « proprium »,
moi-même) autre qu’Allah, et je ne vois pas qu’Allah soit mon âme », la réponse
est : Le Prophète veut dire par le terme « âme » le « proprium », ton existence
(particulière), ce que tu appelles « moi-même », et non pas l’élément psychique
qui s’appelle tantôt « l'âme impérieuse » ou « celle qui pousse
irrésistiblement vers le mal », « l’âme qui reproche », « la rassérénée »,
etc., etc. (23) ; mais il veut dire par « âme » tout ce qui est autre qu’Allah,
comme il a dit : « Fais-moi » voir (ô Dieu !) les choses telles qu’elles sont
», désignant par « les choses tout ce qui n’est pas Allah (qu’Il soit exalté)
». Il a voulu dire : « Fais-moi connaître ce qui n’est pas Toi, afin que je
sache et afin que je connaisse (la vérité sur) les choses, si elles sont Toi ou
bien autre-que-Toi ; sont-elles sans commencement ni fin, ou bien ont-elles été
créées et vont-elles disparaître ? » Alors, Allah lui fit voir que tout ce qui
n’est pas Lui est (l’homme) lui-même, et que tout ce qui n’est pas Lui n’a
aucune existence. Et il vit les choses telles qu’elles sont ; je veux dire
qu’il vit qu’elles étaient la quiddité d'Allah, hors du temps, de l’espace et
de toute attribution (24). Le terme « les choses » peut s’appliquer à l’âme
comme à n’importe quoi. L’existence de l’âme et celle des choses s’identifient
dans l’idée générale de chose (25). Donc, celui qui connaît les choses connaît
son âme, son « proprium », c'est-à-dire lui-même, et celui qui se connaît
soi-même connaît le Seigneur (26). Car ce que tu crois être autre-qu’Allah
n’est pas autre-qu’Allah, mais tu ne le sais pas. Tu Le vois, et tu ne sais pas
que tu Le vois. Du moment que ce mystère a été dévoilé à tes yeux, que tu n’es
pas autre-qu’Allah, tu sauras que tu es le but de toi-même, que tu n’as pas
besoin de t’anéantir, que tu n’as jamais cessé d’être, et que tu ne cesseras
jamais d’exister jamais, comme nous l’avons déjà expliqué. Tous les attributs
d’Allah sont tes attributs (27). Tu verras que ton extérieur est le Sien, que
ton intérieur est le Sien, que ton commencement est le Sien et que ta fin est
la Sienne, cela incontestablement et sans doute aucun. Tu verras que tes
qualités sont les siennes et que ta nature intime est la Sienne, cela sans que
tu sois devenu Lui ou que Lui soit devenu toi, sans (transformation) diminution
ou augmentation quelle qu’elle soit. « Tout périt sauf Sa face » (28), dans
l’extérieur et dans l’intérieur. Cela veut dire qu’il n’existe aucun
autre-que-Lui ; qu’autre-que-Lui n’a aucune existence, mais est fatalement
perdu, de sorte qu’il ne reste que Sa figure ; autrement dit : rien n’est
stable hormis Sa figure (29). (Quelques manuscrits ajoutent : « Partout où vous
vous tournez, vous vous tournez vers la Face de Dieu » : Qôran, II, 109.) Un
exemple : Un homme ignore quelque chose, puis il l’apprend. Ce n’est pas son
existence qui s’est éteinte, mais seulement son ignorance. Son existence reste,
elle n’a pas été changée contre celle d’un autre ; l’existence du savant n’est
pas venue s’ajouter à l’existence de l’ignorant ; il ne s’agit d’aucun mélange
de ces deux existences individuelles ; il n’y a que l’ignorance qui a été
enlevée. Ne pense donc pas qu’il est nécessaire d’éteindre ton existence, car
alors tu te voiles avec cette même extinction, et tu deviens toi-même (pour
ainsi dire) le voile d’Allah (30). Comme maintenant le voile est
autre-qu’Allah, il s’ensuit qu’autre-que-Lui puisse Le vaincre en repoussant
les regards vers Lui, ce qui est une erreur et une méprise grave. Nous avons
dit plus haut que l’unicité et la singularité sont les voiles d’Allah, pas
d’autres. C’est pourquoi il est permis au Wâçil, c’est-à-dire à celui qui est
arrivé à la Réalité (personnelle) (31), de dire : « Je suis le Vrai Divin », ou
bien : « Gloire à moi que ma celsitude est grande ! » Un tel Wâçil n'est pas,
arrivé à un degré aussi sublime sans avoir vu que ses attributs sont les
attributs d’Allah et que son être intime est l’être intime d’Allah, sans aucune
transformation d’attributs ou transsubstantiation d’être intime, sans aucune
entrée dans Allah ou sortie de Lui (ou vice versa). Il voit qu’il ne s’éteint
pas dans Allah et qu’il ne persiste avec Allah non plus. Il voit que son âme
(c’est-à-dire son « proprium ») n’existe pas du tout, non pas comme ayant
existé, puis s’étant éteinte, mais il voit qu’il n’y a ni âme ni existence sauf
la Sienne. Le Prophète a dit : « N’insultez pas au Siècle » (32), car il est
Allah. Il a voulu dire par ces paroles que l’existence du Siècle est
l’existence d’Allah (qu’il soit glorifié et magnifié). Il est trop élevé pour
avoir un partenaire, un semblable ou un équivalent quelconque. Le Prophète dit
dans une tradition Qodsî (33) : « Allah dit : Mon serviteur ! J’étais malade et
tu ne M’as pas visité. J’avais faim, et tu ne M’as pas donné à manger, Je t’ai
demandé l’aumône, et tu l’as refusée. » Il a voulu dire que c’était Lui qui
était le malade et le mendiant. Comme le malade et le mendiant peuvent être
Lui, alors toi et toutes les choses de la création, accidents ou substances,
peuvent aussi être Lui. Quand on découvre l’énigme d’un seul atome, on peut
voir le mystère de toute la création, tant intérieur qu'extérieure. Tu verras
qu’Allah n’a pas seulement créé toutes choses, mais tu verras encore que, dans
le monde invisible aussi bien que dans le monde visible, il n’y a que Lui, car
ces deux mondes n’ont point d’existence propre. (Tu verras) qu’Il n’est pas
seulement leur nom, mais aussi Celui qui (les) nomme et Celui qui est nommé
(par eux), ainsi que leur existence. Tu verras qu’Il n’a pas seulement créé une
chose une fois pour toutes, mais tu verras « qu’Il est tous les jours en l’état
de Créateur sublime » (34), par l’expansion et l’occultation de Son existence
et de Ses attributs en dehors de toute condition intelligible. Car Il est le
Premier et le Dernier, l’Extérieur et l’Intérieur. Il paraît dans Son unité et
Se dissimule dans Sa singularité. Il est le Premier par Sa perséité. Il est le
Dernier par Son éternelle permanence. Il est l’existence des Glyphes du Premier
et du Dernier, de l’Extérieur et de l’Intérieur, comme l’existence de ces
Glyphes est Lui. Il est Son nom ; Il est celui qui est nommé. Comme Son
existence est fatale, logique et dogmatique, de même est fatale la
non-existence de tout autre-que-Lui. Ce que nous pensons être autre-que-Lui
n’est pas, au fond, une bi-existence, car Son existence a Lui signifie qu’une
bi-existence n ’existe pas ; sans quoi cette bi-existence serait Son semblable.
Or, autre-que-Lui n’est pas, car Il est exempt de ce qu’un autre-que-Lui soit
autre-que-Lui. Cet autre est encore Lui sans aucune différence intérieure ou
extérieure. Celui qui est ainsi possède des attributs sans nombre ni fin.
(1)
El-Wahdaniyah.
(2) Qablu.
(3)
El-Fardâniyah.
(4) Baadu
(5) Mot à mot : avec Lui, Maaho
(6) Kawn, l'être changeable, conditionné, temporel.
(7) El-Wâhid, El-Qahhâr.
(8) El-Wâhidiyah.
(9) El-Fard
(10) El-Fardâniyah.
(11) Hôa=11=wh (voir La Gnose, 2e année, n°5, p.
151).
(12) Il est encore le nommant, comme nous le
verrons plus tard en traitant de la Seigneurie divine, Er-Rabbâniyah, ou plus
spécialement ici El-Marbûbiyah.
(13) Hurûf =lettres, c’est-à-dire éléments
spirituels (voir le Sépher ha Zohar)
(14) Autrement dit : Il n’entre en rien et rien
n’entre en Lui ; Il ne sort de rien et rien ne sort de Lui.
(15) Nafsaho, mot à mot : Son âme, c’est-à-dire
Lui-même, Son ipséité.
(16) Ghaïroho.
(17) Qorân,
IV, 170.
(18) Man yaraf
nafsaho.
(19) Man afna nafsaho.
(20) Er-Rubûbiyah ; c’est, au point de vue
exotérique et même piétiste, la glorification.
(21) Mot à mot :.... est loin de sentir le parfum
de la connaissance de l’âme, c’est-à-dire de lui-même.
(22) Voir La Gnose, 1ère année, n° 12, p 270.
(23) L’âme, En-nafs, spn, de la racine nafasa,
respirer, souffler. Ce mot signifie beaucoup de choses en arabe, mais surtout :
(a) Le pronom personnel « même », pour accentuer l’individuel d’un être vivant,
de préférence raisonnable. De la le sens de « proprium » chez les Soufites. On
dit communément nafsânî dans le sens d’égoïste. (b) L’âme vitale, animale ou
humaine, dont l’évolution graduelle à travers sept stations est le but moral du
Derwishisme. Ce sujet a déjà été effleuré par plusieurs orientalistes ; nous y
reviendrons plus tard.
(24) Voir La Gnose, 1ère année, n° 12, p. 272.
(25) Sheyyiyah = « choseté », de Shey = chose.
(26) Sic : Er-rabb ; on devrait dire « son
Seigneur » rabbaho, selon la formule consacrée (voir La Gnose, 2ème année, n°
5, p. 152).
(27) Dans quelques manuscrits, on trouve : Tu
verras que toutes tes actions sont celles d’Allah et que tous Ses attributs
sont les tiens.
(28) Voir La Gnose, 1ère année, n° 12, p. 270.
(29) Ce passage peut s’interpréter, donc se
traduire, de différentes façons, mais le sens traditionnel est que les choses
n’existent que par notre ignorance. Elles disparaissent au fur et à mesure que
notre ignorance diminue. Leur existence étant une illusion, leur disparition
n’est qu’une façon de parler. J’ai voulu expliquer cette idée fondamentale de
l’ésotérisme musulman. dans La Gnose : Pages dédiées au Soleil, 2e année, n° 2,
p. 63, et L'Universalité en l’Islam, 2eme année, n° 4, p. 121. J’ai désigné «
les choses » par « la réalité collective ».
(30) Allah n’est jamais voilé. Il paraît ainsi,
mais c’est une illusion. C’est, l’homme qui est voilé, par lui-même ou par les
autres, de sorte qu’il ne peut voir son Seigneur. Telle est la tradition.
(31) Voir La Gnose, 2ème année, n° 2, Pages
dédiées au Soleil, et n° 4, L’Universalité en l’Islam.
(32) Ed-dahru : voir La Gnose, 2ème année, n° 2,
p. 63.
(33) Les traditions ainsi nommées contiennent ce
qu’Allah a dit directement au Prophète. Le Qorân est la Parole d’Allah, révélée
par l’entremise de l’ange Gabriel.
(34) Qorân, LV, 29.
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